Conforter les troupes, arrondir les angles et mettre en scène un parti prêt pour la bataille, c’était le programme de l’université de rentrée du Front national à Fréjus ce week-end. Pas question de prendre des risques alors que le temps est encore long d’ici à la présidentielle.
Gérer le temps. Voilà ce que cherche à faire Marine Le Pen à sept mois de l’élection présidentielle. Car officiellement, le Front national est prêt pour 2017. C’était le message martelé et sur-martelé pendant l’université de rentrée du parti, ce week-end à Fréjus. Un événement rebaptisé « Estivales de Marine Le Pen », histoire d’effacer un peu plus la marque FN pour faire toute la place à la candidate. Dans les travées, très peu de flammes tricolores, le logo historique du parti. Tout est à la gloire de « Marine ». Cette personnalisation à l’extrême, « c’est dans la logique de la présidentielle », justifie Nicolas Bay, le secrétaire général du parti. « Ce n’est pas la candidate du Front national, mais la candidate qui représente les patriotes », renchérit Jean-Lin Lacapelle, le secrétaire national aux fédérations.
Immigration, sécurité, économie, agriculture… Les tables rondes thématiques se sont enchaînées tout le week-end, histoire de bien montrer que l’élaboration du programme est en bonne voie. Du remplissage en bonne et due forme, qui permettait surtout de montrer les personnalités du parti à l’oeuvre – la palme de l’applaudimètre revenant sans surprise à Marion Maréchal-Le Pen. Les dirigeants du FN n’étaient pas peu fiers non plus de faire monter sur scène quelques invités de la société civile, à l’instar de l’essayiste Jean-Paul Brighelli, qui a donné une conférence sur l’éducation, ou du criminologue Xavier Raufer. L’économiste anti-euro Jacques Sapir a, lui, délivré un message vidéo enregistré.
Pour le reste, Marine Le Pen n’a pris aucun risque. Face à la presse, c’est grands sourires et langue de bois. La présidente du FN est en « pré-campagne ». Les véritables hostilités ne commenceront pas avant mi-février, date d’une « convention présidentielle ». « Pour une élection, il faut des adversaires. Je veux bien courir le 100 mètres toute seule, mais bon… » ricane-t-elle. En attendant, la candidate arrose de ses railleries Hollande, Juppé et Sarkozy. Et continue à réserver un traitement tout particulier à l’ex-président, désigné comme « le promoteur d’une immigration massive, d’un laxisme total ou d’un communautarisme ravageur ». Le duel est savamment mis en scène, alors que Nicolas Sarkozy mord plus que jamais sur les plates-bandes du FN. En coulisses, plusieurs cadres frontistes le voient d’ailleurs remporter la primaire de la droite en novembre.
Dans son discours final, Marine Le Pen s’est contentée de balayer les grands thèmes de sa campagne à venir. L’occasion, là encore, de prendre le contrepied de la dérive identitaire de Sarkozy. Alors que les militants surchauffés entonnaient à intervalles réguliers « On est chez nous », l’un de leurs refrains favoris, leur championne a préféré mettre l’accent sur le patriotisme économique et la souveraineté : « Le temps des Etats-nations revient, le temps est aux frontières. » Finalement, la seule véritable nouvelle du week-end aura été l’intronisation du local de l’étape, le sénateur-maire de Fréjus David Rachline, comme directeur de la future campagne présidentielle. Pour le reste, rendez-vous début 2017. Et en attendant, circulez, y a pas grand-chose à voir.
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