Les Etats-Unis auraient tué entre 60 et 80 soldats syriens ce samedi 17 septembre dans la province de Deir ez-Zor, prenant leur position pour celle de combattants de l’Etat islamique. La tension monte entre Damas, Moscou et Washington cinq jours après l’officialisation d’un cessez-le-feu dans la région.
La trêve aura été de courte durée. Cinq jours seulement après le cessez-le-feu en Syrie chapeauté par la Russie et les Etats-Unis, Moscou et Damas ont accusé ces derniers d’avoir bombardé une position de l’armée syrienne près de l’aéroport de Deir ez-Zor.
D’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), 80 soldats auraient été tués. De son côté, Moscou évoque la mort de 62 personnes et affirme qu’il y aurait plus d’une centaine de blessés.
Après avoir exprimé ses regrets, la coalition américaine a expliqué qu’elle pensait bombarder une position du groupe Etat islamique (EI) en Syrie. Les provinces sous le joug de Daech sont en effet exclues du cessez-le-feu. C’est Moscou qui a mis un terme aux bombardements, en prévenant les Etats-Unis que la cible était susceptible d’être des militaires syriens. Le commandement des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom) a délivré un communiqué avec plus de précisions :
« Les forces de la coalition pensaient qu’elles frappaient une position de combat de l’EI, qu’elles suivaient depuis un certain temps avant le bombardement. La coalition ne ciblerait jamais intentionnellement une unité militaire syrienne. »
Autre problème : le bombardement américain a permis aux djihadistes de mener une offensive dans la foulée. Peu de temps après, l’EI a annoncé avoir abattu un avion syrien, information que confirme l’Observatoire syrien des droits de l’homme mais pas Damas. Le ministre des Affaires étrangères russe, Serguei Lavrov, alors parlé de bombardements « à la frontière entre la négligence criminelle et la connivence directe avec les terroristes de l’Etat islamique«
La bavure des Etats-Unis a donc provoqué l’ire immédiate de la Russie, qui a demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité dans la soirée. Le compte-rendu de cette entrevue n’a toutefois pas été rendu public. Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, exige de Washington « des explications complètes et détaillées, et elles doivent être données devant le Conseil de sécurité de l’ONU.«
Loin de faire profil bas, l’ambassadrice américaine, Samatha Power, a accusé la Russie de vouloir « monter un coup » en convoquant le Conseil de sécurité, parlant de « moralisme« , de « mise en scène » et de « cynisme« . « La réunion de ce soir est une diversion par rapport à ce qui se passe sur le terrain en Syrie« , a-t-elle ainsi estimé. Enfin, Vitali Tchourkine, ambassadeur russe à l’ONU, a jugé que ces bombardements meurtriers étaient « un mauvais présage » pour le maintien de l’accord de cessez-le-feu.
Si la trêve n’avait pas encore été formellement prolongée, Moscou et Washington affichaient leur volonté de le faire, et ce malgré les nombreuses violations du cessez-le-feu (près de 200 selon l’armée russe). Qu’en sera-t-il après ces frappes ?
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