Incarcéré à la maison d’arrêt de Villepinte, celui qui est soupçonné d’avoir logé certains commanditaires des attentats du 13 novembre, à Paris et Saint-Denis, a commencé à mettre le feu à sa cellule avant d’être placé à l’isolement.
Mis en examen le 24 novembre 2015 pour « association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes d’atteinte aux personnes », Jawad Bendaoud a tenté d’incendier la cellule qu’il occupe à la maison d’arrêt de Villepinte ce vendredi 16 septembre au soir.
Selon LCI, qui révèle l’information, le jeune homme, protestait contre ses conditions de détention et souhaitait être transféré dans une autre aile de l’établissement pénitentiaire. C’est avec des vêtements et un briquet qu’il aurait tenté de mettre le feu à sa cellule. Intervenus immédiatement, ses gardiens l’ont transféré dans une autre cellule. Celui qui clame son innocence depuis son arrestation a alors arraché le cadre de cette nouvelle fenêtre avant de tenter de briser cette dernière. Il a été placé à l’isolement, dans une cellule anti-suicide.
Retour en arrière, le 18 novembre 2015. Quelques jours seulement après les attentats qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis, l’assaut de la police dans un appartement de la rue du Corbillon – où sont retranchés Abdelhamid Abaaoud et ses complices – vient d’être donné à Saint-Denis.
Surgit soudain sur BFM, en direct, le visage de Jawad Bendaoud, qui déclare que l’appartement dans lequel s’abritent les hommes recherchés est le sien.
“J’étais pas au courant que c’était des terroristes, moi. (…) On m’a demandé de rendre service, j’ai rendu service, Monsieur. On m’a demandé d’héberger deux personnes pendant trois jours, j’ai rendu service tout simplement. Je ne sais pas d’où ils viennent, on est au courant de rien, Monsieur. Si je savais, vous croyez que je les aurais hébergés ?”
Interpellé en direct, cet acteur trouble des attentats devient rapidement la risée de la toile. Un compte Twitter “Logeur du Daesh” a même été créé, et compte aujourd’hui près de 60.000 abonnés.
Rien n’est encore bien clair quant à son degré d’implication dans les attentats du 13 novembre. En décembre dernier, Jawad Bendaoud envoie une lettre aux juges d’instruction dans laquelle il se pose en victime de cette affaire. A la fin du mois de mars, il envoie un second courrier aux juges. Avant de leur annoncer qu’il va « péter les plombs« , il y écrit notamment :
“Le 17 novembre, j’ai vu Abaaoud et son complice un peu plus de cinq minutes, moins de dix minutes, vous croyez quoi que je suis profiler pour savoir ce qu’il a fait avant d’arriver chez moi et ce qu’il allait faire les jours à venir.”
En mai 2016, Me Xavier Nogueras et Me Marie Pompéi Cullin, ses avocats, déposent une demande afin que leur client soit placé sous le statut de témoin assisté car il ignorait, arguent-ils, l’identité de ses hôtes. Nouveau rebondissement quelques jours plus tard, Christophe Teissier, juge d’instruction, confie aux parties civiles que les charges qui pèsent sur Jawad pourraient être requalifiées en « recel de malfaiteurs ». La qualification terroriste serait alors abandonnée, son procès distingué des autres acteurs du dossier et la peine encourrue bien moindre : trois ans devant un tribunal correctionnel au lieu de vingt ans devant une cour d’assises.
Mais fin juin 2016, une information vient ébranler la ligne de défense que le jeune homme tient depuis maintenant six mois : son ADN est retrouvé sur le composant d’un gilet explosif de l’un des kamikazes réfugié dans l’appartement de la rue du Corbillon à Saint-Denis.
Ce sont les derniers éléments connus avant cette tentative d’incendie dans sa cellule de Villepinte. Condamné en 2008 à huit ans de prison par la cour d’assises de Bobigny pour la mort de son meilleur ami, Jawad était sorti de prison il y a moins d’un an, où il avait eu un comportement exemplaire.
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