La ministre de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem l’a annoncé : le système de rémunération des enseignants sera refondu en 2017. A la clé, une augmentation linéaire des salaires et quatre inspections fixes avec l’attribution de « primes » pour les professeurs les mieux notés. Mais malgré le milliard d’euros mis sur la table, les syndicats ne crient pas victoire.
Le salaire des enseignants, ce problème qu’un nouveau quinquennat n’aura pas résolu. La réforme détaillée in extremis pour 2017 par la ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem, ce jeudi 15 septembre au micro de RTL, ne parvient ainsi pas à contenter pleinement. Et pourtant, un milliard d’euros a été mis sur la table. Les salaires gelés depuis 2010 seront tirés à la hausse, c’en sera fini également de l’évaluation aléatoire des professeurs par des visites surprises des inspecteurs jugées infantilisantes. Avec la nouvelle réforme, quatre évaluations devront avoir lieu à des moments fixes de leur carrière : après 8, 12, 20 et 30 ans d’ancienneté.
Une hausse de salaire linéaire tous les deux ans
Autre fait majeur, le salaire des enseignants connaîtra une hausse linéaire, systématique, tous les deux ans. Si l’on s’en tient à ces nouveautés, la réforme réjouit les syndicats enseignants. Francette Popineau, la porte-parole du SNUipp, déclare ainsi à Marianne : « Nous allons en finir avec ce système d’avancement nébuleux et aléatoire. C’est une chose nécessaire ». Et de souligner : « Les enseignants français sont parmi les moins bien payés d’Europe « . Le salaire moyen d’un instituteur du primaire est en effet de 1.600 euros en France contre une moyenne de 2.500 euros dans l’OCDE.
Mais outre le soupçon de visée électoraliste, ce qui courrouce les syndicats tient dans le volet « primes au mérite » de la réforme. Au terme de chacune des quatre évaluations qui émailleront une carrière, les professeurs seront notés d’après 11 critères (dont « la coopération avec les parents d’élèves », « la maîtrise des savoirs disciplinaires », la « coopération au sein d’une équipe »…). Jusqu’ici, tout va bien. Ce qui chiffonne les syndicats est ailleurs : l’inspecteur remplit ensuite une grille et doit cocher une case parmi » à consolider », « satisfaisant », » très satisfaisant » ou « excellent ». A l’issue de chacune des deux premières évaluations (donc au bout de 8 et 12 ans), cette appréciation pourra déboucher sur une promotion, mais seulement pour une partie des professeurs.
Les 30% les mieux notés seront mieux rémunérés
Si pour les enseignants, grimper les échelons plus rapidement au fil des inspections n’est pas une nouveauté, ce qui est neuf, c’est le pourcentage précis et systématique de ceux qui seront désormais avancés : 30%. Lequel s’accompagnera d’une revalorisation de leurs salaires, à raison de 130 euros mensuels après la première inspection, puis 154 euros après la deuxième. « Une meilleure reconnaissance de ceux qui s’engagent le plus« , plaide la ministre de l’Education nationale au micro de RTL. « Une mise en concurrence des enseignants « , rétorque le syndicat SNUipp, qui se désole que le changement de système « n’entraîne pas son amélioration« .
Du côté de Sud Education, la critique est plus acerbe encore : « C’est une mauvaise réforme. Personne ne va s’opposer à l’augmentation des salaires mais la rémunération au mérite est absurde. Ce nouveau système va creuser encore plus les inégalités entre professeurs, c’est une logique managériale qui accentuera la concurrence entre les enseignants« , pointe son co-secrétaire Olivier Lafferiére. Francette Popineau pointe également une injustice : « Ce n’est ni juste ni ambitieux : fort heureusement, il y a plus de 3 enseignants sur 10 qui font très bien leur travail ! Opérer un tri ne peut être que démotivant« . Les deux syndicats, eux, prônent une déconnexion complète entre l’évaluation et l’évolution des carrières (et donc des rémunérations).
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