François Hollande s’en cache de moins en moins : il veut se représenter en 2017 pour un second mandat. Entre les lignes, au fil de ses entretiens et discours, sa volonté transparaît clairement. Dernier exemple en date, son entretien au journal « le Débat » dans lequel il assume sa politique « social-libérale ».
A sept mois de la présidentielle, François Hollande est bien décidé à rechausser ses bottes de candidat pour retourner en campagne. Depuis quelques mois, le chef de l’Etat lâche ici et là des indices sur une candidature de moins en moins éventuelle. Des ballons d’essai adressés à ses troupes – pour les remobiliser – mais surtout aux Français, pour installer l’idée dans l’opinion publique.
Par petites touches donc, François Hollande met en œuvre sa stratégie de reconquête. Après un discours de pré-campagne le 3 mai dernier devant la fondation Jean Jaurès, son entretien accordé au journal Les Echos et plus récemment, le 8 septembre lors de son meeting… pardon, son intervention salle Wagram, le président de la République a accordé un long entretien à la revue Le Débat, dont Le Monde publie des extraits. Face au philosophe Marcel Gauchet et à l’historien Pierre Nora, il mène l’offensive.
François Hollande exhorte ainsi ses soutiens à relever la tête et à ne plus laisser les multiples candidats alternatifs qui se bousculent à gauche – Montebourg, Hamon ou Mélenchon – mener son procès en trahison.
« Face à cette perpétuelle suspicion, la gauche de gouvernement ne doit pas baisser les yeux et être davantage fière de ce qu’elle fait », explique-t-il, relevant que « la gauche est toujours belle dans l’opposition parce qu’elle mythifie ses réformes passées en oubliant combien il était dur de convaincre de leur bien-fondé quand elle était aux responsabilités ».
Le chef de l’Etat tance ainsi l’attitude de cette « autre gauche », de ces « insoumis » dont « l’objectif est d’entraver l’État, par tout moyen, selon la théorie du grain de sable. Non plus de contester ses réformes, mais de paralyser l’État. Et de le défier, jusque sur le terrain du maintien de l’ordre ». Selon lui, cette gauche-là serait donc moins motivée par l’idée de progrès que par une sorte de nihilisme face à sa propre incapacité à agir : « Ce qui est nouveau, c’est le renoncement. Puisque le monde est devenu global, puisque les frontières entre droite et gauche s’effacent, alors changeons de terrain et recourons à l’obstruction ». Un mal qui aurait aussi touché le monde syndical.
Autre angle d’attaque, la question de sa conversion au social-libéralisme durant son quinquennat. Assumant d’abord sans ambages sa stratégie du compromis : « Si être social-démocrate, c’est accepter le compromis, je suis social-démocrate (…) Tout au long du quinquennat, j’ai cherché à mettre en dialogue un patronat moderne et un syndicalisme réformiste ». Puis tentant de prendre de la hauteur par rapport à ses contradicteurs, il va plus loin :
« Le social-libéralisme ? C’est le libéralisme sans la brutalité. Je ne suis pas un libéral, dans le sens où la logique du marché devrait tout emporter. En revanche, j’admets dans certaines circonstances une politique de l’offre. En 2012, l’état du pays justifiait d’aider les entreprises pour redresser leur compétitivité. Ce fut le sens du pacte de responsabilité. Etait-ce de droite, était-ce de gauche ? C’était nécessaire, et je l’ai fait (…) Refuser le dirigisme ce n’est pas se rallier au libéralisme ! Il faut que l’Etat joue son rôle et l’exerce avec autorité pour que le marché puisse être plus efficace. Et que l’économie intègre le progrès social, le temps long et les impératifs de la lutte contre le réchauffement climatique. Le social ne s’ajoute pas à l’écologie. Ils sont désormais confondus. »
Un beau ricochet rhétorique. A la fois pour rappeler son ancrage à gauche et son attachement à la notion de progrès social, histoire de s’attirer les bonnes grâces des sympathisants du PS (utiles en cas de primaire), tout en occupant le terrain de potentiels candidats qui affichent leur transgression libérale en bandoulière. Comme un Emmanuel Macron ou un Manuel Valls, par exemple…
Au lendemain de l’inauguration par Nicolas Sarkozy, ce concurrent qu’Hollande espère de tout cœur affronter en 2017, de « L’Emission politique » sur France 2, le chef de l’Etat s’est lui invité ce vendredi 16 septembre au palais Brogniart à Paris, pour les dix ans du site Le Bon Coin. L’occasion d’un bain de foule et de céder à son péché mignon, celui du bon mot, qu’il avait dû tant bien que mal mettre en sourdine depuis son accession au pouvoir.
« Je voulais venir pour votre anniversaire, dix ans… deux quinquennats, c’est beaucoup ! Je voulais saluer cette réussite », commence-t-il. La salle pouffe. Et d’enchaîner : « Tous les Français connaissent Le Bon Coin, ou presque… ». L’auditoire éclate de rire, ayant reconnu la référence à cet épisode où Nicolas Sarkozy avait demandé, candide, à des entrepreneurs ce qu’était le site de petites annonces… La tentation était trop grande pour celui que l’on surnommait, au temps où il était premier secrétaire du PS, « Monsieur petites blagues ».
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