"L'Emission politique" : finalement, Sarkozy n'a pas changé… ce sont les autres !

Placé face à ses contradictions dans « l’Emission politique » sur France 2 ce jeudi soir, l’ex-chef de l’Etat n’a pas voulu admettre qu’il avait changé d’avis sur des sujets aussi divers que la Constitution, l’immigration, le déficit public ou le réchauffement climatique.

Avant, c’était : « J’ai changé ». Maintenant, c’est : « La France a changé ». Voici le nouvel argument de Nicolas Sarkozy pour justifier ses positions à géométrie (très) variable sur plusieurs sujets. Invité de la nouvelle Emission politique de France 2, ce jeudi 15 septembre, le candidat à la primaire de la droite a été placé à plusieurs reprises face à ses contradictions. Premier épisode lorsque la journaliste Léa Salamé exhume un discours de janvier 2007 dans lequel le (déjà) candidat Sarkozy plaidait pour « la stabilité institutionnelle ». « Si notre Constitution est bonne, alors arrêtons de la changer », expliquait-il. Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy veut pourtant modifier la même Constitution pour… interdire le burkini ! « Je n’ai pas changé, je veux la stabilité. Je demande simplement une adaptation de la Constitution pour la partie Etat de droit, la partie sécurité », tente d’abord l’ancien chef de l’Etat, qui poursuit :

« On n’est pas au frigidaire depuis 2007 ! Vous voyez bien que la menace sécuritaire n’est pas la même. En 2003, le problème c’était l’interdiction du voile à l’école. En 2010, c’était l’interdiction de la burqa. Demain, le problème sera l’interdiction du burkini, parce que c’est une évolution. »

Depuis sa première candidature à la présidentielle, Nicolas Sarkozy a singulièrement durci son discours sur l’immigration et l’islam. Celui qui écrivait en 2004 croire « plus à l’intégration qu’à l’assimilation » et s’étonnait « que l’on demande davantage aux musulmans qu’aux autres », puis défendait encore en 2012 le droit du sol, ne cesse désormais de faire l’éloge de l’assimilation et estime que « c’est à l’islam de s’adapter à la France », voulant même durcir le même droit du sol. Mais là aussi, « la France a changé », martèle-t-il :

« En 2007, on n’avait pas la condition sécuritaire qu’on connaît aujourd’hui, le communautarisme n’était pas monté comme il l’est aujourd’hui. »

La « règle d’or » aux oubliettes

Sur certaines questions économiques aussi, Nicolas Sarkozy a effectué un virage serré. En 2012, il voulait instituer une « règle d’or » pour contenir le déficit public. Aujourd’hui, il promet de baisser les impôts dès son éventuel retour à l’Elysée… ce qui aurait mécaniquement pour effet de faire s’envoler ce même déficit. Oui, mais « si nous ne baissons pas les impôts sur les classes moyennes écrasées fiscalement, nous ne relancerons pas l’économie », argue-t-il. Tout en assurant qu’il compensera grâce à une « réduction massive » des dépenses publiques.

Nicolas Sarkozy a également changé d’avis sur les causes du réchauffement climatique. « Il faut être arrogant comme l’homme pour penser que c’est nous qui avons changé le climat », a-t-il déclaré il y a quelques jours devant un cercle de patrons, comme l’a rapporté Marianne. Etonnant, de la part du président du Grenelle de l’environnement, qui pointait en 2009 la « responsabilité historique » de l’humanité face au changement climatique… Sur France 2 Nicolas Sarkozy, agacé, tente d’abord une digression sur « le premier défi aujourd’hui », qui serait « le problème démographique ». Avant de lâcher : « Non, l’homme n’est pas le seul responsable des dérèglements climatiques. » Finalement, on ne sait plus trop si, pour lui, l’homme est responsable du changement climatique, et si oui, s’il est « le seul » ou pas…

Nicolas Sarkozy reconnaît tout de même avoir viré de bord sur un sujet : le mariage pour tous. Il faut dire qu’affirmer le contraire serait très compliqué pour celui a promis l’abrogation de la loi Taubira en 2014 avant de revenir sur ses déclarations en janvier dernier. « C’est vrai, j’ai réfléchi, j’ai évolué, j’ai hésité, mais je pense aujourd’hui après y avoir réfléchi profondément que la France a bien d’autres problèmes que d’ouvrir une guerre sur le mariage pour tous », justifie-t-il sur France 2. Mais si, sur ce point, il admet sa volte-face, ce n’est pas le cas pour de nombreux autres sujets qui fâchent.

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