Plan d'accueil des migrants de Calais : la Corse fait bande à part

Le démantèlement de la « Jungle » de Calais approche et l’Etat cherche en urgence à répartir sur l’ensemble du territoire français les migrants qui y vivotent. Exception faite de deux régions : l’Ile-de-France, déjà débordée sur la question de l’hébergement, et la Corse pour des raisons plus officieuses et confuses…

La « Jungle » de Calais doit être vidée d’ici à la fin de l’année 2016. Pour cela, le ministère de l’Intérieur réfléchit à la prompte création de 12.000 places d’hébergement réparties sur l’ensemble des régions françaises dans des centres d’accueil et d’orientation (CAO). Les Hauts-de-France devront par exemple en accueillir 1.006 et le Grand Est, 1.332. Une annonce qui a agité la classe politique, sur fond de dénonciations du FN et d’une partie de la droite. Autre volet qui crée la polémique, une infographie publiée par Le Figaro a dévoilé la répartition de ces centres : l’Ile-de-France, « particulièrement tendue sur la question de l’hébergement« , est exemptée de plus d’efforts en la matière (un centre de transit des migrants est déjà prévu en Essonne). Plus surprenant, la Corse est aussi dispensée, mais sans motif très clair

Gérard Sadik, coordinateur de la question d’asile à La Cimade – organisme accompagnant les personnes étrangères dans la défense de leurs droits – a son avis sur la question. Sur LCI, il a d’abord évoqué « l’insularité » qui rendrait compliqué l’acheminement des migrants. Sauf que le critère de répartition qui figure dans le plan du gouvernement est « le critère démographique pondéré par les efforts faits par chaque région  » ; nulle trace d’une question d’éloignement géographique. Verdict final de Gérard Sadik : « Les tensions liées au nationalisme corse rendent ces questions explosives. L’Etat, étant très courageux, a décidé de s’en passer ». 

Un climat local tendu en Corse 

Difficile en effet de ne pas y voir une frilosité du gouvernement vis-à-vis du climat local délétère en Corse. La rixe de Sisco entre des villageois et une famille d’origine maghrébine le 13 août, une salle de prière musulmane d’Ajaccio incendiée en avril, une boucherie halal mitraillée en février en Corse du Sud… les tensions entre communautés sur l’île émaillent l’actualité. Sur Twitter, les internautes n’ont d’ailleurs pas manqué de faire le rapprochement entre cette atmosphère belliqueuse et la répartition aléatoire des migrants. 

Dans un entretien paru ce mercredi dans Le Figaro, Jean-Guy Talamoni, le président de l’Assemblée de Corse, a toutefois affirmé que « les tensions ne sont pas plus fortes en Corse qu’ailleurs« , précisant simplement : « II n’y a pas de place pour les salafistes sur l’île« . Au micro de RTL ce jeudi matin, le nationaliste a évoqué la dispense de la Corse, parlant d »une décision des services de l’Etat«  et assurant qu’il aurait souhaité « en discuter avec Bernard Cazeneuve« . A bon entendeur…

Pas de migrants en CORSE : et après, votre maman vous dit que la violence, ou vous mettre en colère, ne résout rien. Quel mensonge ! #Corse

— Daniel Conversano (@DANNYLYNDON) 15 septembre 2016

Le gouvernement va répartir les #migrants clandestins de #Calais sur tout le territoire…sauf en #Corse, la #Resistance paie! #Sisco

— Jean-Yves Le Gallou (@jylgallou) 14 septembre 2016

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