Qui est Damien Carême, ce maire qui affronte Sarkozy dans "L'Emission politique" ?

Ce jeudi soir à 20h55, Nicolas Sarkozy inaugure « L’Émission politique » de France 2. L’ex-président se retrouvera notamment face à Damien Carême, maire de Grande-Synthe. En août dernier, « Marianne » avait rencontré cet élu de terrain qui avait réussi, grâce à sa pugnacité, son culot et sa détermination, à éviter un nouveau « Calais » sur sa commune tout en continuant sa politique d’accueil des migrants. Portrait d’un maire pas comme les autres.

Les dossiers s’empilent sur son bureau. Plans de rénovation, aménagement d’espace vert, suivi de la « mutuelle pour tous » pour l’ensemble des citoyens de la commune. A 55 ans, Damien Carême, maire de Grande-Synthe (Nord) depuis 2002, n’a rien perdu de ses envies des débuts. En décembre dernier, l’édile écologiste de cette commune limitrophe de Dunkerque doit faire face à l’arrivée massive de migrants qui s’installent sur un terrain boueux et marécageux, « un camp bien pire que celui de Calais ».

Las d’attendre une réaction de l’Etat, il décide d’agir. Avec Médecins sans frontières qui apporte son expertise et sa force de frappe financière, le maire annonce sa volonté de construire un camp humanitaire, répondant aux normes du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, d’une capacité de 2 500 places. Du jamais-vu en France. S’engage alors un bras de fer avec le ministère de l’Intérieur, à première vue déséquilibré. « Le but d’un homme politique, c’est de faire des choix politiques, même osés. Le drame, c’est que nos dirigeants, tétanisés, refusent de mettre en œuvre des politiques audacieuses. Résultat, le climat social se dégrade. Et c’est nous, l’échelon local, qui nous le prenons en pleine tronche », justifie le David républicain. Et, comme dans l’Ancien Testament, Goliath cède. L’Etat accepte in fine de prendre en charge le camp.

Une habitante : « Nous sommes devenus la capitale de l’humanité ! »Le 30 mai 2016, jour de la signature de la convention de partenariat, Bernard Cazeneuve cite d’ailleurs François Mitterrand : « On ne peut rien contre la volonté d’un homme. » Une séquence qui résume bien la méthode Carême : un mélange d’audace et de pragmatisme, empreint d’écolo-socialisme. « Faire ce camp, c’était à la fois résoudre une urgence humanitaire, éviter que la tension ne s’installe entre les habitants et les migrants comme à Calais et aussi récupérer un terrain sur lequel je souhaite construire un écoquartier », confie-t-il. Sans compter les embauches de 44 Grand-Synthois à la clé. « Ma population a été admirable. Je l’ai constamment tenue informée de l’évolution, nous étions dans une discussion permanente. Avec 28 % de chômage et une région où le FN fait des cartons, on aurait pu s’attendre au pire. Eh bien, pas du tout ! A part quelques grincheux, tout le monde a adhéré au projet. Une vieille dame sur le marché m’a même fait cette remarque : « Nous sommes devenus la capitale de l’humanité ! »», se félicite-t-il aujourd’hui.

Capitale de la biodiversité

Les Carême ont Grande-Synthe dans la peau. René, le père, syndicaliste CFDT, maire de 1971 à 1992, a planté une forêt de peupliers. « Quand on est arrivé, il n’y avait pas un arbre. C’était impensable pour mon père lorrain. Alors il en a fait mettre partout », raconte le fils avec fierté. Depuis, ils sont peu à peu remplacés par des arbres fruitiers d’essence locale. De grands chantiers de rénovation sont entrepris, avec des constructions à basse consommation et une certaine audace architecturale. « J’ai tenu à ce qu’il y ait des balcons de couleur. On sort des codes de l’urbanisme typique du Nord, mais ça a égayé la commune », défend-il. Université populaire, jardins partagés, création d’une plate-forme de partage, budget participatif, eau gratuite… La liste des en-cours est longue.

En 2010, Grande-Synthe est ainsi élue « capitale française de la biodiversité ». « Lorsque je rénove des bâtiments mieux isolés, donc plus écolo, je fais aussi baisser la facture de consommation. C’est du pouvoir d’achat en plus pour les Grand-Synthois », plaide-t-il. Il espère que son successeur poursuivra la transformation. Elu en 2014 dès le premier tour avec 53,55 % des voix, ce troisième mandat sera son dernier. Lui vise pour 2017 la députation : « Les maires sont les échelons essentiels de notre démocratie. Mais j’ai vu tous ces blocages qui empêchent d’innover, d’expérimenter. Je veux partager ce que j’ai appris au niveau local. »

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