Il pensait participer à une mission d’Etat, sauver des jeunes, aider des familles en détresse. Dans « Cellule de déradicalisation, chronique d’une désillusion », Julien Revial raconte la réalité d’une de ces structures. Quand l’amateurisme tourne à l’arnaque, avec la bénédiction du ministère de l’Intérieur.
Au printemps 2015, il n’y avait pas 36 solutions. Si l’on voulait recueillir des témoignages de jeunes radicalisés, de leurs familles, il fallait passer par les deux «spécialistes». Dounia Bouzar ou Sonia Imloul. Sonia Imloul, ou Dounia Bouzar. A la Préfecture de police, au ministère de l’Intérieur, le message était clair : «C’est elles qui maîtrisent le sujet, vous aurez tous les éléments.» La situation était bien en main, le gouvernement avait pris le problème à bras-le-corps dès les grandes vagues de départ vers la Syrie, en mars et avril 2014.
La sécurité nationale confiée à une bande de Pieds Nickelés
Composez le numéro Vert, connectez-vous sur Stop djihadisme, et nos équipes de psychologues, juristes, criminologues, éducateurs spécialisés, vous épauleront et vous accompagneront dans cette épreuve difficile. Vous n’êtes pas seuls. Dounia Bouzar dirigeait le Centre de prévention des dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI). Elle a mis fin à sa mission en avril 2016, officiellement pour marquer son désaccord avec le gouvernement au moment du débat sur la déchéance de nationalité. Omniprésente sur les plateaux de télévision, dans les studios de radio, adulée autant que critiquée sur la pertinence et l’efficacité de sa méthode, on ne peut cependant pas lui reprocher de ne pas avoir travaillé, testé et défriché une matière que personne ne connaissait, et de ne pas avoir fait ce qu’elle pouvait avec les moyens dont elle disposait.
Julien Revial, lui, a travaillé un an dans l’autre structure «référence», avec Sonia Imloul au sein de la Maison de la prévention et de la famille. Il a rapporté de cette expérience un témoignage aussi étourdissant qu’accablant, publié par les éditions Michalon*. C’est un peu Candide au pays de la déradicalisation. Souvent drôle, mais aussi glaçant. Car on se rend compte, à la lecture de ce journal de bord, que l’on a confié une partie d’une mission essentielle pour la sécurité nationale à une bande de Pieds Nickelés, peu scrupuleux et parfois carrément malhonnêtes. Tout ça pour quoi ? Pour cacher la misère, colmater avec des rustines. Mais en communiquant. Ça, pour communiquer, on a communiqué.
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* Cellule de déradicalisation, chronique d’une désillusion, de Julien Revial, Michalon, 253 p., 18 €
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