Le collectif Stop Violences policières a annoncé ce mercredi 14 septembre qu’il avait saisi le défenseur des droits sur des cas de violences policières lors du mouvement contre la loi Travail. A l’appui, 68 témoignages qui accréditent cette thèse.
C’est un épais dossier qui se trouve sur le bureau de Jacques Toubon, le défenseur des droits. Le collectif Stop Violences policières qui émane de Defcol (Défense colective) créé en avril 2016 dans le contexte du mouvement contre la loi Travail, a transmis en juillet 68 témoignages relatant des cas de violences policières lors des manifestations. « Alors que l’état d’urgence reste en vigueur, notre collectif, et bien d’autres, entend visibiliser une situation extrêmement répressive qui est en train de se normaliser », écrit le collectif dans un communiqué publié ce mercredi. Le défenseur des droits a indiqué à l’AFP que ses services avaient commencé l’instruction du dossier.
« J’étais en sang, la tête gonflée, je ne ressemblais plus à rien »Parmi ces plaintes, celle d’Arthur, un lycéen parisien de 16 ans, blessé au nez le 9 avril par un tir de flashball alors qu’il était venu manifester avec sa mère et sa petite sœur. « A un moment, j’ai senti une partie de mon visage comme anesthésiée, j’étais en sang, la tête gonflée, je ne ressemblais plus à rien. J’étais pas loin des policiers, mais j’étais là en manifestant pacifiste », raconte-t-il à France Inter. Sa mère, elle, se rappelle « que tout le long du cortège c’était hyper tendu, avec des provocations des forces de l’ordre qui ont fini par donner lieu à un affrontement en règle à l’arrivée place de la Nation, où on s’est retrouvés un peu bloqués, avec des gaz lacrymo dans tous les sens ».
Autre témoignage rapporté par l’AFP, celui de Marie-Christine, 54 ans qui, le 5 juillet, participe à une manifestation non-déclarée près de l’Assemblée nationale : « Il y a eu un mouvement de foule, (…) je me suis retenue sur le gendarme qui faisait barrage devant moi. Il a sorti sa bombe et m’a gazée directement dans les yeux ».
Le 26 mai le site Reporterre publiait le témoignage de Joël Labat qui racontait avoir été blessé, lui, par un tir tendu de « cougar« , un lanceur de grenade lacrymogène. Une pratique formellement interdite car potentiellement mortelle. La scène avait été entièrement filmée.
Des violences qui ont émaillé ces quatre mois de contestation. Des violences de part et d’autre, les images de manifestants cagoulés véhéments faisant le bonheur des chaînes d’info en continu.
Moins visibles en revanche sur les grands médias, de nombreuses vidéos circulant sur les réseaux sociaux ont montré des pratiques policières contestables. Ce qui avait poussé Bernard Cazeneuve à écrire le 9 juin dernier aux préfets pour les rappeler à l’ordre : « Les interventions de police doivent être mesurées et le rétablissement de l’ordre proportionné au trouble causé », insistait-il.
Une prise de conscience trop tardive vu l’ensemble des témoignages…
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