Alain Juppé a montré un visage peu aimable lorsque, ce mardi après-midi, il était interrogé sur une attaque de Nicolas Sarkozy.
N’interrogez pas Alain Juppé sur les attaques de Nicolas Sarkzoy, ça l’agace. Il faut voir l’ancien Premier ministre serrer les machoires, manipuler frénétiquement son stylo, et gronder les journalistes lorsqu’une question ne lui plaît pas. Ce mardi à Strasbourg, c’est une citation du discours sarkozyste de la veille, qui a fait sortir Juppé de son flegme bordelais. « Je n’accepte pas les accommodements prétendument raisonnables avec les extrêmismes« , avait déclaré l’ancien Président en meeting dans la ville de Provins, dans une allusion évidente à son principal adversaire.
Piqué au vif lorsqu’on lui rapporte cette phrase, Alain Juppé s’énerve « face cam »: « Ne faites pas dire à Nicolas Sarkozy ce qu’il n’a pas dit (…) il ne faut pas dire n’importe quoi. Il faut être clair: qui a dit que je faisais des accommodements raisonnables avec les extrêmistes ? Je ne veux pas d’allusion, je veux une citation. J’ai une rigueur intellectuelle, on ne dit pas n’importe quoi dans le débat politique et médiatique aujourd’hui. Je n’ai jamais dit ça.«
Ni Juppé, ni son équipe n’ont visiblement écouté le discours de leur principal adversaire la veille au soir. Comment, dans ce cas, répondre à celui qui l’accuse en sous-texte d’avoir plaidé pour des « accommodements raisonnables avec les extrêmismes« ? S’il n’a jamais utilisé le terme « extrêmisme« , le maire de Bordeaux a pourtant bien parlé « d’accommodements raisonnables » en France, dans une interview donnée au Figaro (payante) en mai 2015:
« Les lois religieuses n’ont pas à s’imposer dans la sphère publique et les signes religieux n’ont pas leur place à l’école. Mais de là à considérer qu’un enfant qui ne veut pas manger de porc doit être exclu de l’école publique ou qu’une adulte qui porte un foulard n’a pas sa place à l’université… Il faut garder son sang froid ! Ne tombons pas dans l’extrêmisme et dans la stigmatisation systématique. Il existe des accommodements raisonnables.«
L’épisode de ce mardi traduit une certaine sensibilité d’Alain Juppé sur ce terrain glissant à droite qu’est l’identité. Attaqué par ses adversaires pour s’être fixé l’objectif d’atteindre d’une « identité heureuse » en France, attaqué par la fachosphère qui l’a renommé « Ali Juppé », il est compliqué pour l’ancien Premier ministre de faire entendre ses nuances dans un débat aussi hystérisé. En petit comité dans le train qui le menait à Strasbourg, le candidat à la primaire avait plus tôt refusé de « polémiquer avec ceux qui font du mensonge un axe de campagne« : « Je ne travestis pas les propos« .
Cet après-midi, il s’est également montré inquiet de « la dérive préoccupante » de sa famille politique, citant un reportage de RTL diffusé le matin même, dans lequel un militant LR assure qu’il votera Le Pen si, d’aventure, le second tour de la présidentielle l’opposait à Alain Juppé.
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