Jean-Marie Le Pen prêt à financer la campagne de sa fille… si elle le lui demande gentiment

Le FN se dit en difficulté pour financer sa campagne de 2017, au point de se tourner vers des investisseurs étrangers… et vers la structure de financement présidée par un certain Jean-Marie Le Pen.

Le FN a une fois de plus des problèmes d’argent. Comme en 2014 lorsqu’il lui a fallu financer la campagne pour les européennes. « J’ai fait la tournée des banques, elles refusent de nous prêter de l’argent », se plaint Jean-Michel Dubois chargé du financement de la campagne présidentielle de Marine Le Pen. « Nous sommes pourtant la meilleure affaire politique du moment, plaide-t-il. Nos sondages sont excellents et nous sommes le parti qui dépense le moins pour nos compagnes. C’est la garantie d’un retour sur investissement sûr ! » Mieux encore, l’argentier de la campagne est prêt à faire beaucoup de sacrifices pour séduire les banquiers : « Nous leur offrons la possibilité d’être remboursés directement par l’Etat et certains de nos responsables sont prêts à mettre en garantie leurs biens personnels. Qui dit mieux ? » Malgré cela, rien ne vient. Même l’Association française des banques (AFB) sollicitée pour qu’elle intervienne auprès de ses adhérents reste sourde. 

Il se pourrait que les ennuis judiciaires du micro-parti Jeanne, créé par le FN depuis que Marine Le Pen en a pris la présidence, refroidissent les ardeurs bancaires. Jeanne, ainsi que tous ses dirigeants y compris son trésorier Wallerand de Saint Just, membre du bureau exécutif, ont été mis en examen pour « escroquerie » lors du financement des précédentes campagnes électorales. Ce qui fait dire à Jean-Michel Dubois « qu’un effet Bygmalion paralyse les banques dès qu’il s’agit de prêter à un parti politique autre qu’un parti proche du pouvoir ».

Aymeric Chauprade, l’entremetteur russe, n’est plus de la partie

Pour sortir de l’impasse, une fois encore, le FN se dit donc prêt à se tourner vers les banques étrangères pour financer la prochaine campagne. Quitte à emprunter à des banques russes à la réputation douteuse comme il le fit en 2014. Sauf que cette année, celui qui avait facilité les contacts grâce à son épais carnet d’adresses de l’oligarchie russe, l’eurodéputé et à l’époque conseiller aux affaires étrangères de Marine Le Pen, Aymeric Chauprade, n’est plus là. Il a démissionné du FN avant de s’en faire virer, le tout après avoir joué un rôle de premier plan dans l’évasion des pilotes d’Air Cocaïne en octobre 2015.

Reste une solution, se tourner vers la traditionnelle structure de financement du FN, Cotelec, ainsi que vient de le révéler le Parisien. Seulement voilà, Cotelec est présidé par Jean-Marie Le Pen qui en surveille étroitement le fonctionnement. Et le père de l’actuelle présidente a été exclu de son propre parti il y a un an. Délicat. En juillet dernier, nous avions interrogé le fondateur du FN pour savoir si Cotelec était prêt à prêter de l’argent à la candidate Marine Le Pen, comme la structure l’a fait pour les candidats aux élections régionales quelques mois plus tôt, et alors que le père était déjà sanctionné. Des membre de la direction du parti dont Louis Aliot, vice président, en avait d’ailleurs bénéficié. « S’ils me le demandent, pourquoi pas, nous avait-il répondu. C’est d’ailleurs la fonction de Cotelec que de financer les campagnes du FN. A ce titre, la structure reçoit des dons qui sont adressés au parti et souscrit des prêts. »

« Jean-Marie Le Pen estime que le FN doit survivre coûte que coûte »

« Jusqu’à présent, aucune demande officielle n’est venue du siège du FN », assure-t-on ce lundi dans l’entourage de Jean-Marie Le Pen. Mais selon nos informations, des contacts discrets ont été pris, contacts que refuse de commenter l’argentier de la campagne. « Ce qui est sûr, c’est que Jean-Marie Le Pen estime que le FN doit survivre, coûte que coûte. Si Cotelec doit financer, nous le ferons », poursuit l’entourage.

Si la démarche devait aboutir, elle ne manquerait pas de piquant. Car tout en contestant son exclusion devant les tribunaux, Jean-Marie Le Pen réclame des indemnités pour préjudice moral à hauteur de 2 millions d’euros. A supposer que le tribunal accède à sa demande, le FN présidé par sa fille serait contrainte de tendre la main à Cotelec pour faire face à sa condamnation, en plus de le solliciter pour financer la campagne présidentielle. Le FN, affaire de famille, est aussi une affaire d’argent.

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