Alors que le « Quotidien » de Yann Barthès a signé une rentrée en fanfare sur TMC lundi, son successeur aux commandes du « Petit Journal » doit déjà sortir les rames sur Canal+. La faute à une émission narcissique, niaise et vide de fond.
Ils ont déboulé en trombe sur cette obscure chaîne que ne connaissaient que les amateurs de séries américaines multidiffusées. Pour la première de Quotidien, lundi 12 septembre en début de soirée sur TMC, Yann Barthès et son équipe ont rassemblé 1,29 million de téléspectateurs, soit 6,3% de part d’audience. Un carton, comme on l’a rapidement entendu ? Pas si vite : cette audience est peu ou prou dans la moyenne de ce que faisait la saison dernière le Petit Journal de Canal+. Mais avec cette performance, Yann Barthès et sa bande font jeu égal avec Cyril Hanouna, le concurrent direct de C8 (l’ancienne D8). Surtout, ils doublent le score de leur successeur sur la case de 20h30 sur Canal, Cyrille Eldin, qui signe au contraire une rentrée catastrophique. Pour sa première semaine, l’audience du Petit Journal nouvelle version a chuté de 45% par rapport à l’an dernier, avec 720.500 téléspectateurs en moyenne. Les réseaux sociaux se sont déchaînés et le nombre de fans a fondu sur la page Facebook de l’émission.
Il faut dire que remplacer Yann Barthès et sa bande, partis avec armes et bagages dans le giron du groupe TF1, était sans doute l’exercice le plus casse-gueule de la rentrée télé. La marque Petit Journal mise à part – elle est la propriété de Canal+ – la boîte de production Bangumi a tout emporté – concept et équipes – en fuyant la tornade Vincent Bolloré. Pour sa rentrée, Quotidien n’a d’ailleurs pris aucun risque : la nouvelle émission de Yann Barthès est un copié-collé allongé de l’ancienne (avec deux coupures pub au lieu d’une).
En face, sur Canal, son remplaçant Cyrille Eldin n’a plus que les miettes. Le comédien, qui s’est fait connaître sur la chaîne cryptée en alpaguant avec humour les politiques sur le terrain, a tenté de recaser le concept dans sa nouvelle émission. Problème : si la mayonnaise prenait lorsque les interpellés étaient pris au dépourvu, elle semble aujourd’hui périmée : les politiques connaissent désormais trop Eldin pour ne pas retourner ces interviews à leur avantage. Sans compter la fâcheuse impression de connivence qui se dégage de l’exercice.
Au demeurant, ce Petit Journal sauce Bolloré se noie dans un certain narcissisme. Après un générique tout à la gloire de Cyrille Eldin, Cyrille Eldin debout sur une scène lance des sujets où l’on voit Cyrille Eldin s’agiter avec son micro, avant que Cyrille Eldin n’interroge un invité en plateau. Le comédien a simplement daigné s’entourer de deux reportrices qui ont « des atouts » à faire valoir (dixit Eldin) surjouent la niaiserie devant la caméra. Malaise assuré.
En interne, « le Petit Journal met tout le monde plus ou moins mal à l’aise »
Ce qui frappe aussi, c’est l’absence de fond. Ces dernières années, l’émission de Yann Barthès avait enrichi sa palette avec des reporters envoyés à l’autre bout du monde, des enquêtes plus fouillées et un talent intact pour décrypter les effets de manche des politiques. Rien de tout cela ne subsiste dans ce Petit Journal qui n’en a plus que le nom. Même si, visiblement, tout le monde n’en est pas mécontent. Le Front national, qui boycottait le programme, y fait son grand retour ce mardi avec la présence de Florian Philippot sur le plateau. « Manifestement, l’émission se veut moins sectaire et tourne la page de la haine anti-patriotes, alors tentons », justifie le vice-président du FN auprès de Marianne. En assurant toutefois n’avoir « jamais été invité au Petit Journal avant ».
Du côté de la communication de Canal+, on fait le dos rond malgré le naufrage d’audience : « C’est un peu tôt de tirer un bilan définitif au bout d’une semaine. » Officiellement, il n’est donc pas question de revoir le concept : « Il y aura sûrement des calages, mais comme dans toutes les émissions. » En interne, « le Petit Journal met tout le monde plus ou moins mal à l’aise », confie pour sa part un collaborateur de la chaîne, qui assure toutefois que le climat s’est un peu amélioré : « L’ambiance est assez délétère, mais bien moins que l’an dernier. Le Grand Journal s’est recentré, malgré les moins bonnes audiences. » Désormais incarné par Victor Robert après l’année cauchemardesque de Maïtena Biraben, le Grand Journal reste pourtant très loin de ses heures de gloire : il n’a réuni que 260.000 téléspectateurs pour sa première semaine. Si Cyrille Eldin comptait s’en servir de locomotive pour booster son tout Petit Journal, c’est raté…
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