Rachid Kassim, la dangereuse nounou des adolescents radicalisés sur Telegram

Inconnu du grand public, Rachid Kassim alias Ibn Qassim, un Français de 29 ans, originaire de Roanne, dans la Loire, pourrait être l’un des donneurs d’ordre de Daech actuellement les plus actifs sur internet. Ses cibles ? Les très jeunes adolescents radicalisés, à l’image des tueurs de Magnanville, de Saint-Etienne du Rouvray ou encore les apprenties djihadistes de Notre-Dame…

La barbe bien fournie, les yeux maquillés de khôl, Rachid Kassim alias Ibn Qassim, un Français de 29 ans, originaire de Roanne, dans la Loire, apparaît pour la première fois à visage découvert cet été, une semaine après l’attentat Nice perpétré sur la Promenade des Anglais lors des commémorations du 14-Juillet. « Nous venons ici nous réjouir de l’attaque de Nice », se félicite-t-il, en français, dans une vidéo de propagande de l’Etat islamique qui le met en scène avec un comparse alors qu’ils s’apprêtent à égorger deux victimes. « Regarde bien cette scène, François Hollande, menace-t-il alors sur les images, elle va bientôt arriver sur tes propres citoyens dans les rues de Paris, dans les rues de Marseille, dans les rues de Nice, dans toute la France, inch’Allah. » 

Rachid Kassim n’a pas menti. Depuis plusieurs mois, quelque part en Irak ou en Syrie où cet ancien animateur social se trouve avec femme et enfants depuis qu’il a quitté la France en 2012, il s’applique avec force à convaincre « les musulmans » de verser le sang des infidèles, par tous les moyens. Des scénarios qu’il escamote au quotidien sur internet, en particulier sur la messagerie cryptée Telegram, très prisée par les aspirants djihadistes, notamment les très jeunes adolescents radicalisés, dont il semble avoir fait une cible privilégiée à travers sa propre chaîne sur la messagerie qui compterait déjà plusieurs centaines d’abonnés.

Rachid Kassim, donneur d’ordre de Daech hyper connecté

Dernières preuves en date, l’attentat à la voiture piégée déjoué cette semaine à Paris, non loin de la cathédrale Notre-Dame. Selon le Parisien, Rachid Kassim aurait en effet « échangé des messages » avec l’une des principales exécutante, une certaine Ines Madani, 19 ans, fichée S pour ses velléités de départ en Syrie, et fille du propriétaire de la voiture retrouvée abandonnée avec six bonbonnes de gaz pleines dans le coffre dans la nuit du dimanche 4 septembre. 

« Des femmes, des sœurs passent à l’attaque, a aussitôt applaudi sur Telegram Rachid Kassim, révèle le Monde, profitant de l’occasion pour réitérer ses appels au meurtre. « Où sont les frères ? […] Où sont les hommes ? […] Si ces femmes sont passées à l’action, c’est certainement parce qu’il y a trop peu d’hommes qui passent à l’action. » 

Des éléments suffisants pour considérer, a expliqué le procureur de la République de Paris, François Molins, lors d’une conférence de presse vendredi dernier, que les quatre femmes impliquées dans l’attentat avorté avait été « téléguidées. » Le mode opératoire qu’elles ont choisi n’est d’ailleurs pas sans rappeler ce que Rachid Kassim avait lui-même récemment suggéré dans l’un des messages adressés à ses oies : « Remplir les véhicules de bouteille de gaz, les asperger d’essence, se garer dans des endroits fréquentés. Boum ».

L’adolescent de 15 ans arrêté ce samedi 10 septembre à son domicile, dans le XIIe arrondissement de la capitale, assigné à résidence depuis le mois d’avril, n’y ferait pas exception. Il serait également en lien avec Kassim, avec lequel il aurait une fois encore communiqué via internet. Placé en garde à vue, le jeune homme soupçonné de vouloir commettre une action violente imminente sur le sol français aurait d’ores et déjà reconnu désirer « mourir en martyr après avoir tué tout un tas de kouffars » (des non musulmans ndlr) à l’arme blanche.

Magnanville, Saint-Etienne du Rouvray, Notre-Dame… la toile Kassim

Si la toile tissée par Rachid Kassim semble si efficace, c’est qu’il n’est pas à son coup d’essai. Son nom apparaît de fait régulièrement dans la sphère djihadiste, en particulier lié aux récents passage à l’acte en France de ceux qui prétendent servir les desseins d’Allah. En témoigne le meurtre de deux policiers à Magnanville, le 13 juin dernier. Le tueur, un jeune livreur de 25 ans, Larossi Abballa, aurait été l’un des abonnés, sur Telegram, de Rachid Kassim. En témoigne surtout l’assassinat du père Hamel, à Saint-Etienne du Rouvray, près de Rouen, fin juillet.

D’après l’Express, ce n’est autre que Rachid Kassim qui aurait repris à son compte la chaîne Telegram de l’un des assassins du prêtre, un jeune radicalisé de la commune, Adel Kermiche, 19 ans, après que ce dernier a été abattu par les policiers. Depuis la zone de combat irako-syrienne, il aurait ainsi continué à alimenter la dite chaîne, en postant notamment un message où il félicitait ses « frères » pour l’opération. Ce qui suggère, écrit l’Express, qu’ Adel Kermiche « a transmis » ses codes d’accès à Rachid Kassim avant de mourir. 

« Aujourd’hui, cet homme apparaît comme le donneur d’ordre, le planificateur ou celui qui suscite des vocations (…) il est depuis un moment dans le collimateur des services de renseignement », confie une source proche du dossier au ParisienC’est au cours d’un séjour en Algérie que Rachid Kassim aurait basculé dans l’islam radical. Du reste, on sait encore peu de choses sur l’individu, si ce n’est son appétence pour le djihad médiatique et la dissimulation. Fin 2015, c’est sous le nom de « Nicole Ambrosia », que l’intéressé distillait (déjà) sur Facebook sa propagande…

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