Christiane Taubira : "La droite fait commerce de l’anxiété et de la désespérance"

Louangeuse à l’égard de François Hollande, très dure contre la droite, inquiète vis-à-vis de l’extrême droite… Christiane Taubira accorde ce lundi une longue interview à Libé pour appeler la gauche à l’union dès le premier tour et laisser planer le mystère quant à ses propres intentions en vue de 2017.

Elle sort de son silence médiatique pour appeler à l’union de la gauche dès le premier tour de la présidentielle, taper sur la droite et mettre en garde contre l’extrême droite. Dans une longue interview à Libération ce 12 septembre, Christiane Taubira n’en dira en revanche pas davantage sur la forme que pourra prendre son engagement durant cette présidentielle : « Je vais m’engager fortement dans la campagne. Je ne sais pas encore comment.« 

Elle précise plus loin faire « des pieds et des mains pour ne pas [se] faire aspirer par le siphon de la présidentielle et être ramenée en permanence à ces questions de personnes« . Et, de fait, l’ancienne ministre esquive à merveille toute question de personne pour 2017. Une candidature individuelle, comme l’a laissé entendre une conversation privée rapportée dans l’ouvrage d’un journaliste récemment ? « Une personne dont la profession est d’informer dit que quelqu’un lui a dit que j’ai dit dans un dîner privé… Excusez-moi, mais ça s’appelle un cancan anonyme.« 

Un soutien à François Hollande en cas de candidature, alors ? « Je ne fais pas de la politique avec des hypothèses.« 

Les « beaux mots » de François Hollande

Un François Hollande qui ne subira aucune foudre de la part de Christiane Taubira au cours de cette interview. Au contraire, l’ex-Garde des Sceaux souligne la « beauté » des mots employés lors de son discours de Wagram quelques jours plus tôt :

« Il a prononcé un discours de président de la République qui s’est mis à la hauteur de sa fonction. Il a dit au pays que nous avons des choses extrêmement précieuses qui ne doivent pas être fragilisées, abîmées, maltraitées parce que nous traversons des épreuves. Il a dit qu’il y aura d’autres épreuves, mais que la responsabilité politique conduit à prendre toutes les dispositions nécessaires pour protéger les Français sans sacrifier l’essentiel. »

Taubira veut aussi, à sa façon, revaloriser le bilan du président socialiste en assurant que les choses auraient été bien différentes avec un Nicolas Sarkozy au pouvoir : 

« Il faut faire comprendre aux Français qu’une élection présidentielle peut changer leur quotidien. Cela a changé quelque chose d’avoir François Hollande plutôt que Nicolas Sarkozy.

La politique budgétaire, la lutte contre la pauvreté, la relation à la société – qui n’est plus basée sur la fragmentation délibérée, la division arrogante, la vulgarité dans la représentation du peuple… Tout cela est différent depuis 2012. »

Passé cet inventaire, elle en appelle à l’union de la gauche dès le premier tour : « Il y a bien des maisons dans la maison de la gauche. Elle ne sont pas irréconciliables [contrairement à ce que dit Manuel Valls, ndlr]. » Face au risque de l’extrême droite au pouvoir, l’ancienne ministre plaide pour « une dynamique et une urgence« .

Commerce de la désespérance

Et c’est bien dans son rôle d’opposante à la droite que Christiane Taubira se montre la plus percutante. Une droite qui, accuse-t-elle, « fait commerce de l’anxiété, de l’angoisse, de la désespérance, c’est-à-dire d’un désespoir dynamique qui se renouvelle, s’entretient » :

« La droite en fait commerce lucidement et cyniquement. Ces dernières années, elle a remporté de grandes victoires culturelles et politiques. »

Une droite qui, charge-t-elle encore, « a choisi, très largement, de s’identifier à cette extrême droite par calculs électoraux : c’est son indignité et c’est son affaire« .

Une droite enfin, représentée par un média que Christiane Taubira a pris l‘habitude de fustiger dans ses interviews, le qualifiant déjà « d’organe de propagande » ayant « rompu avec l’information » : Le Figaro. Voici sa sentence :

« Les hommes politiques de droite savent faire du marketing. La presse de droite aussi. La désinformation méthodique du Figaro, par exemple, en était caricaturale… C’était tellement gros à la fin, que cela me faisait rire. C’était devenu pathologique, il fallait taper sur Taubira. Moi, je n’ai pas les compétences pour guérir les gens du Figaro. »

Taubira et ses mots qui mordent… Reste à savoir qui en bénéficiera en vue de 2017, lorsque l’ex-ministre aura accepté de « se faire aspirer par le siphon de la présidentielle« .

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