Barroso chez Goldman Sachs : Juncker en appelle au comité d'éthique européen

Sous la pression de l’opinion et de plusieurs responsables européens, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a saisi le Comité d’éthique de l’Union chargé de se prononcer sur le recrutement par la banque d’affaires américaine, Goldman Sachs, de son prédécesseur José Manuel Barroso. Alors même que la banque n’est pas étrangère à la crise des subprimes ou à la crise grecque que le même Barroso a dû résoudre lorsqu’il était en poste de 2004 à 2014…

Il a promis qu’il se conduirait avec « intégrité et discrétion » mais cela n’a pas suffi au président de la Commission européenne qui a décidé, sous la pression de l’opinion et de plusieurs responsables européens, d’ouvrir une enquête. Dans une lettre publiée ce dimanche 11 septembre, Jean-Claude Juncker explique en effet avoir demandé à son prédécesseur, José Manuel Barroso, à qui il a succédé il y a deux ans, de « clarifier » le rôle qu’il aura désormais en tant que conseiller spécial Brexit auprès de la banque d’affaires américaine, Goldman Sachs. Pour s’assurer que ces nouvelles fonctions soient compatibles avec les traités européens, Jean-Claude Juncker a par ailleurs annoncé avoir saisi le Comité d’éthique de l’Union. 

En réalité, José Manuel Barroso ayant respecté les 18 mois de délais entre sa prise de fonction et ses anciennes responsabilités, délais pendant lequel la Commission peut mettre un veto aux postes de ses anciens membres, les délibérations du Comité d’éthique ne sont qu’une façade censée permettre de faire taire les critiques, nombreuses, qui ont jugé « moralement inacceptable », à l’instar du Président de la République, François Hollande, l’arrivée de M. Barroso chez Goldman Sachs.

Barroso chez Goldman Sachs : « moralement inacceptable »

En cause, la condamnation outre-Atlantique de la banque d’affaires américaine, en avril dernier, à payer une amende de 5 milliards de dollars pour avoir sciemment vendu pendant deux ans, de 2005 à 2007, des produits crédits immobiliers convertis en produits financiers toxiques, ou encore son rôle dans le maquillage des comptes publics de la Grèce en 2001, deux décisions qui aboutiront respectivement à la crise des subprimes – les crédits immobiliers à risque – en 2008 et à la crise grecque (premières mesures d’austérité prises en 2009 avant la mise en place de quatre plans d’aide successifs de 2010 à 2015). 

Des crises auxquelles monsieur Barroso a directement dû faire face en tant que président de la Commission européenne entre 2004 et 2014 et qui ont étranglé des milliers de personnes sous les dettes. Mais pour Barroso, rejoindre Goldman Sachs relève d’un « défi stimulant ». Pas sûr que cela permette à l’Union de regagner la confiance de ses électeurs, et probablement pas des Britanniques qui ont voté en faveur du Brexit, le 23 juin dernier, à l’issue d’un referendum historique…

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