À moins d’un an de la présidentielle, la fête de l’Humanité fut une occasion manquée ce week-end. Si une bonne partie des leaders de la gauche s’y sont retrouvés, les hésitations du PCF de Pierre Laurent compliquent la situation. Si Arnaud Montebourg était ravi de s’afficher tout sourire auprès du leader communiste, Jean-Luc Mélenchon faisait monter la pression auprès de son ancien partenaire du Front de gauche.
La fête a commencé par des chamailleries. Vendredi, lors d’un déjeuner avec quelques journalistes, Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste, déplorait que Jean-Luc Mélenchon n’ait pas daigné répondre à l’une de ses propositions d’invitation sur la fête. « Histoire de nous faire jouer le mauvais rôle », raille un proche du leader de la « France Insoumise ». Le lendemain, en effet, point de Mélenchon lors du discours fleuve de Laurent au stand du PCF national, alors qu’Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Cécile Duflot et Clémentine Autain avaient tous fait le déplacement pour écouter presque religieusement le taulier local.
Pour Laurent, c’était surtout une manière de montrer à ses troupes qu’il était encore capable de maintenir l’image d’un parti au cœur des débats à la gauche de la gauche (juste l’image…). Mais finalement, entre les deux anciens partenaires du Front de gauche, tout est rentré dans l’ordre : samedi, en fin d’après-midi, Jean-Luc Mélenchon accueillait sous sa tente Pierre Laurent et Marie-George Buffet pour un « pot de l’amitié ». Pas question pour autant d’accorder à Laurent l’image télévisuelle tant recherchée tant « le désaccord stratégique » est profond.
En réalité, une bonne partie de l’appareil communiste a surtout un souci : les futures législatives, voire les futures municipales de 2020 ! Au stand de la section de Villejuif, une banderole résumait l’état d’esprit de Colonel Fabien : « Marre du feuilleton présidentiel ! Avec les communistes donnez-vous plus de députés de luttes ! » Effectivement, pour le PCF, préserver un nombre d’élus minimum dans les prochaines années est une question de survie. D’où les hésitations multiples du discours officiel.
Ainsi, alors que le secrétaire national du PCF essaye tant bien que mal de convaincre – en apparence – de la nécessité d’une candidature unique rassemblant toutes les sensibilités de la gauche, y compris la gauche du PS, Mélenchon a déjà prévenu depuis longtemps : pas question de jouer le jeu d’une éventuelle primaire alors que la présidentielle se rapproche à grands pas. Ce qui est l’avis de certains communistes – notamment Marie-George Buffet – qui veulent le soutenir dans cette entreprise au plus vite.
C’est dire si dans l’entourage du candidat à la présidentielle, l’inquiétude était de mise dans les jours précédents la fête. Les communistes allaient-ils lui réserver un bon accueil malgré les tensions croissantes avec la direction du parti ? Au final, Jean-Luc Mélenchon a reçu un bon accueil des militants communistes, en témoignent les cris de soutien lors de son intervention à l’Agora, l’espace de débat de la fête.
De son côté, Pierre Laurent n’était pas mécontent de s’afficher tout sourire auprès d’Arnaud Montebourg, en visite appuyée auprès de lui, mais accueilli plus fraichement par la base communiste. D’ailleurs, même le patron des communistes n’y croit pas forcément : « Vous savez, cela fait bien longtemps que les électeurs communistes ne suivent plus des consignes, et notamment mes consignes », souffle-t-il à l’oreille d’Arnaud Montebourg et de Benoît Hamon. De son côté, Jean-Luc Mélenchon s’amuse à faire monter la pression : « Vous voyez le temps qu’on perd, en 2011, j’étais déjà en train de faire un discours sur la grande scène de la fête de l’Huma dans le cadre de ma campagne ».
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