Fête de l’Huma : "La CGT n’est pas machiste mais il y a trop de machos à la CGT"

Invité par l’association des amis de l’Huma ce vendredi soir à dialoguer avec Philippe Martinez, le philosophe Régis Debray a poussé le secrétaire général de la CGT à s’exprimer sur son rapport aux images de violence, aux reproches de machisme adressés à son syndicat et aux politiques. « Marianne » dévoile quelques échanges…

La tente bleue sombre des Amis de l’Humanité était comble ce vendredi soir pour assister au dialogue entre Philippe Martinez et Régis Debray (en gilet rouge, s’il vous plaît). Choqué en effet par les insultes essuyées par le numéro 1 de la CGT – Manuel Valls et Pierre Gattaz l’avaient associé au terrorisme, le subtil Luc Ferry lui avait infligé un QI de bulot -, le philosophe avait défendu le secrétaire général de la CGT au printemps dernier dans L’Huma contre la « haine des gens d’en haut contre les gens d’en bas ». Et jugé qu’il « faisait honneur à son syndicat ». Vendredi soir, enjoignant « les gens d’études, de savoir et les gens du travail à se rejoindre » l’ex-révolutionnaire lui a demandé de répondre à ceux qui jugent que la CGT « n’aime pas les bonnes femmes et protège les gens déjà protégés de la fonction publique. »

Bien disposé par un compliment préalable sur sa moustache de « tradition française », Philippe Martinez lui a rétorqué « La CGT n’est pas machiste mais il y a trop de machos à la CGT. Et le fait que nous ayons été la première confédération avec une direction paritaire, ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. » Il a donc souhaité que sa centrale change de mode de vie, évite les réunions à pas d’heure, les apéros qui durent plus de temps que les réunions parce que les épouses s’occupent des enfants. Arrête aussi de demander aux femmes « d’apprendre toujours plus que les mecs. » avant de décrocher des responsabilités. Et demandé à ce que l’obligation de présenter aux élections des listes paritaires soit l’occasion d’évoluer vraiment…

Que les politiques portent les combats de la CGT

Sur l’implantation de la CGT dans le privé, Martinez a reconnu aussi que bien que sa centrale soit toujours le premier syndicat dans les entreprises, ait des comités de chômeurs actifs, un syndicat de précaires, il fallait qu’elle s’engage d’avantage auprès des jeunes notamment, où elle recule. « Un vrai défi ».  Mais il a qualifié de « fierté de la CGT » les actions menées avec les travailleurs sans-papiers et incité les syndicats à mobiliser ensemble contre le racisme et l’extrême droite.

« Tu es un grand syndicat qui n’a pas de débouché politique crédible, à la différence de ton prédécesseur Georges Séguy, l’a ensuite cuisiné Debray. Cette situation investit-elle CGT d’une charge d’opposition ? » Philippe Martinez a alors justifié une CGT qui fait de la politique en défendant des choix de société comme les 35 heures et porte des alternatives sociales. Mais qui, au quotidien, doit s’occuper des salariés au travail. Révélant que son syndicat était actuellement très courtisé – « et quand la CGT est courtisée à ce point, c’est pas normal, » -,  il a appelé les politiques à assumer leurs responsabilités après le mouvement social… en portant leurs projets. Leur donnant en exemple le Portugal où la gauche socialiste, après un puissant mouvement social, est revenue au pouvoir, en revenant aux 35 heures et en augmentant le Smic. A bon entendeur…

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