Au soir de la première journée de leur université d’été à La Rochelle, ce samedi, les frondeurs du PS appellent à l’organisation d’une grande primaire de toute la gauche. Mais au sein de l’aile gauche du parti, des désaccords persistent sur la meilleure façon d’y parvenir. Jean-Luc Mélenchon, lui, a déjà sèchement décliné l’offre depuis la Fête de l’Humanité.
Après une réunion à huis-clos, les frondeurs du courant « À gauche pour gagner » ont lancé ce samedi depuis leur université d’été à La Rochelle un « Appel du 10 septembre » pour faire avancer la gauche, toute la gauche, en rangs serrés vers la présidentielle de 2017. Le texte appelle à « une grande primaire citoyenne et ouverte, de toute la gauche et des écologistes, sans exclusive et sans préalable ». Considérant que « l’esprit de responsabilité conduira au rassemblement, pas à une unité éphémère », l’appel conclut : « La primaire le rend possible. À nous de rendre ce rassemblement désirable ! » Reste, surtout, à se mettre d’accord.
Comme un air de déjà-vu
L’initiative portée par le chef de file des frondeurs, Christian Paul, ressemble furieusement à l’appel pour « une grande primaire des gauches et des écologistes » publié dans Libération le 10 janvier 2016… et immédiatement snobé par Jean-Luc Mélenchon. Du côté d’EELV, on a désormais lancé l’organisation de sa propre primaire. Au parti communiste, Pierre Laurent appelle bien, depuis la Fête de l’Huma, à l’unité mais refuse de poser ses pointes dans les mêmes starting-blocks que François Hollande. Enfin cette relance d’une grande primaire rose-verte-rouge se heurte à un autre obstacle : la définition idéale du nombre candidats issus des rangs des frondeurs pour affronter François Hollande – ils sont déjà quatre à s’être déclarés. Là aussi, ce n’est donc pas gagné pour l’unité.
Combien de frondeurs à la primaire du PS ?
Sur le parvis du Forum des Pertuis à La Rochelle, où environ 300 personnes profitent d’un ciel sans nuages, les avis divergent sur la meilleure façon de marcher du même pas. La candidature unique issue des frondeurs promue par Christian Paul ne convainc pas tout le monde. Mathieu Hanotin, proche de Benoît Hamon, se déclare clairement « pas pour une candidature unique pour la primaire de la gauche ». Le montebourgeois Laurent Baumel milite lui pour que ne dépasse qu’une seule tête – et tant qu’à faire, celle de son poulain : « Être trois ou quatre, c’est partir perdant. Une candidature unique serait plus efficace. Pour moi, un match Montebourg-Hollande est la bonne formule ». Même tendance pour le hamoniste Pascal Cherki, même s’il ne fait pas un casus belli d’une présence de plusieurs frondeurs à la primaire de la gauche : « Un seul candidat à la primaire du PS, ce serait plus simple, mais on verra ».
Dans le camp des indécis, l’eurodéputé Guillaume Balas balaye le sujet d’un revers de main : « Ce n’est pas la question, qu’il y ait un ou quatre candidats chez les frondeurs. On doit sortir avec un processus commun pour attaquer 2017, c’est ça l’important ». Emmanuel Maurel, proche de Marie-Noëlle Lienemann, n’a pas encore tranché : « Un seul candidat à la primaire du PS ? Je ne sais pas si c’est pertinent, j’hésite. Mais quatre, c’est trop ».
L’idée d’une primaire élargie à toute la gauche divise
Sur le principe d’une primaire élargie à toute la gauche, difficile là aussi de dégager une vraie adhésion. Certes, la majorité des participants l’appelle de ses voeux, parfois avec un optimisme déconcertant : « Mélenchon doit nous rejoindre dans cette primaire, que nous devons co-organiser tous ensemble, veut croire Guillaume Balas, en y incluant les Verts et les communistes. Mélenchon a tout intérêt à y participer. Toute la gauche en fait, sauf les libéraux ».
Le député de Paris Pascal Cherki voit lui les projets de de Mélenchon et Duflot comme des « candidatures qui parient sur la défaite et capitalisent sur des parts de marché », sans appeler toutefois clairement à leur ralliement : « C’est à eux de le dire ». Dans un style plus rond, Laurent Baumel fait mine de croire qu’il « n’est peut-être pas trop tard pour une primaire de toute la gauche ». Pour le député d’Indre-et-Loire, il faut tout de même « interpeller Mélenchon, Duflot et Hollande car il serait inacceptable de se battre pour la troisième place en 2017 ».
Dans ce maelström, sous le soleil déclinant de La Rochelle, une petite voix se fait entendre depuis les flonflons de la Fête de l’Humanité. C’est celle de Jean-Luc Mélenchon : « Commencez d’abord par quitter vos partis, parce que vos partis soutiennent le gouvernement. (…) Je ne vais pas à cette primaire parce que je n’accepte pas un résultat dans lequel ce serait un partisan de la politique gouvernementale qui l’emporterait ». Les frondeurs en sont donc pour l’heure réduits à fronder entre eux.
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