Emmanuel Macron est comme tous ceux dont il est aujourd’hui le rival réel, à commencer par François Bayrou, confronté à la difficile équation du centrisme. Celui-ci existe bel et bien, mais depuis ses origines, il est minoritaire et est appelé à le demeurer.
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Qu’en est-il de la volonté d’Emmanuel Macron, maintes fois affichée, de dépasser le clivage gauche-droite ? En apparence, il consonne sur ce point avec l’état d’esprit d’une majorité croissante de Français. Mais attention ! Ce que disent ceux-ci, c’est que le comportement de la classe politique rend ce clivage obsolète – au pouvoir, ils font tous la même chose ! – ; ils n’en concluent pas nécessairement que, dans l’absolu, ce clivage soit sans signification.
Au contraire : à gauche, on n’a jamais tant délibéré sur cette «vraie gauche», que François Hollande aurait trahie. Il y aurait donc une nature éternelle de la gauche, qui s’imposerait à tous ses fils. Curieux tout de même que ceux-là mêmes qui sont si hostiles à toute idée «identitaire» de la nation redeviennent à ce point identitaristes dès qu’il s’agit de la gauche… Même évolution à droite, dans ce camp qui a si longtemps récusé son nom, et qui ne fait plus aujourd’hui aucune difficulté pour s’en réclamer. Regardons du reste au-delà de nos frontières : le clivage gauche-droite reste la «summa divisio» (René Rémond) de la politique. Vouloir s’en passer relève le plus souvent du confusionnisme, de l’aventure individuelle ou de ce populisme chic que l’on voit fleurir justement dans l’entourage de Macron.
« La difficile équation du centrisme »
De sorte que, nolens volens, Emmanuel Macron est comme tous ceux dont il est aujourd’hui le rival réel, à commencer par François Bayrou, confronté à la difficile équation du centrisme. Celui-ci existe bel et bien, mais depuis ses origines, il est minoritaire et est appelé à le demeurer. Ses vrais fondateurs, les doctrinaires de la Restauration autour de Guizot et Royer-Collard, en avaient parfaitement conscience. On peut, à la rigueur, imaginer un homme du centre élu par surprise à la présidence, on peut être assuré qu’il n’aura pas de majorité au Parlement. D’où la tentative qui est celle d’Emmanuel Macron de substituer au clivage gauche-droite le clivage progressistes-conservateurs.
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Renaud Dély disait justement ici la semaine dernière que Macron est un symptôme. J’ajouterai : un mirage, probablement. Il est le symbole d’une politique hors sol, dont la vitalité est inversement proportionnelle à celle de la politique terre à terre que connaît la France depuis longtemps. Pour le coup, je serais volontiers pour une troisième voie.
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