Omniprésent dans l’espace médiatique, Emmanuel Macron parle beaucoup mais ne dit pas grand chose. Ses deux dernières sorties dominicales, dans le « JDD » et sur France Inter, n’y auront rien changé. Son art de l’esquive atteint des sommets et agace.
Pas un jour ne passe sans qu’Emmanuel Macron ne s’exprime. Radio, télévision, presse écrite, réseaux sociaux, le démissionnaire du gouvernement Hollande est partout. Malgré cette omniprésence, chacun s’interroge encore et toujours sur le contenu de la coquille Macron. Et sur l’effectivité d’une candidature à la présidentielle qui refuse obstinément de dire son nom. Même après un dimanche bien garni de trois pages dans le Journal du dimanche et une heure trente d’interview en direct, les questions demeurent.
Le regard noir, la mâchoire serrée, Nicolas Demorand n’en peux mais. Aux commandes de « Questions politiques », la nouvelle émission politique de France Inter / France Télévisions, le journaliste lâche à son invité Emmanuel Macron : « Après une heure trente d’émission, on ne sait toujours pas ce que vous pensez ».
Sera-t-il candidat à l’élection présidentielle ? « La question ne se pose pas dans ce sens-là, si je puis dire, dans cet ordre, élude l’ancien ministre de l’Économie. L’un des problèmes de la vie politique française, c’est le socle idéologique, le coeur de valeur de vision du pays et de propositions qu’on porte ».
Un mouvement politique, une démission, mais la présidentielle « n’est pas le sujet »« À qui parlons-nous ? », interroge Nicolas Demorand. « Vous parlez à un responsable politique qui le 6 avril dernier a créé un mouvement politique qui s’appelle En Marche, qui a aujourd’hui 75 000 adhérents et qui compte bien peser dans le champs politique ». Alors, un chef de parti ? « Cela s’appelle un mouvement politique ». Un futur candidat ? Pour toute réponse à la question que tout le monde se pose, Emmanuel Macron renvoie vers son mouvement : « Ce n’est pas le sujet maintenant ».
Alors En Marche, c’est quoi ? À quoi ça sert ? « C’est un collectif politique », répond l’ancien banquier. Mais encore ? « C’est un mouvement politique qui s’est construit pour porter les idées du progressisme ». Et si d’aventure François Hollande était candidat, pourrait-il l’être, lui aussi ? « J’entends bien être sur ce sujet le maître des horloges : je vais continuer à aller au contact du pays, écouter les gens. (…) Je ne ferai pas de politique fiction. Voilà le bon ordre des choses ».
Ni de gauche, ni de droite… ni centriste !Sur son positionnement politique, Emmanuel Macron reste tout aussi flou : « Je ne suis pas ultra-libéral ». Social libéral, alors ? « Je n’aime pas les étiquettes ». Bref, on tourne en rond. Pas contre les 35 heures mais pour « plus de flexibilité », pas contre l’ISF mais pour le « réformer », Emmanuel Macron tonne : « Je n’ai jamais dit que je n’étais ni de droite ni de gauche ! » Le même déclarait pourtant le jour du lancement de son mouvement, le 6 avril, que celui-ci « ne sera pas à droite, (…) ne sera pas à gauche. »
Dans le JDD paru ce dimanche, Macron complète : « Je ne suis pas un centriste ». Pour le reste, la même langue de bois affleure. « Je veux proposer et rassembler » ; « Nous devons écouter les gens et les préoccupations qu’ils expriment » ; « Retrouver collectivement le goût de l’avenir, ce n’est pas dire aux Français qu’ils ont une perception fausse de leur présent » ; « Le sujet pour moi est seulement ce que je crois bon pour notre pays ».
Même l’anguille François Hollande est déboussoléeMacron candidat si Hollande l’est aussi ? Rebelote pour un joli numéro de novlangue : « Avoir des idées claires, des convictions partagées, c’est la conviction pour faire et c’est cela dont le pays a besoin ». Un petit indice sur une éventuelle date d’annonce de candidature ? « Nos allons articuler une vision et un projet de transformation du pays. Tant que je ne l’aurai pas exprimé de manière ambitieuse et complète, la question ne se posera pas« .
Même François Hollande, un maître dans l’art du louvoiement, s’interroge sur ce qui peut bien pousser Macron. « Tu t’en vas pour quoi faire ? », lui a-t-il demandé au téléphone puis face-à-face, au moment de son départ, selon selon le JDD. En guise de réponse, Emmanuel Macron a usé d’une pirouette. Comme d’habitude.
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