Ce lundi 5 septembre, quelques pensionnaires doivent rejoindre le premier centre de déradicalisation promu par le gouvernement, à Beaumont-en-Véron, en Indre-et-Loire. Après les échecs de structures similaires portées par des initiatives civiles, le projet de l’État pose un certain nombre de questions.
Les portes sont ouvertes depuis le 1er septembre, mais il ne s’agissait que d’une pré-rentrée pour les personnels : au centre de déradicalisation de Pontourny / Beaumont-en-Véron, près de Chinon (Indre-et-Loire), les premiers pensionnaires sont attendus entre le 5 et le 10 septembre. Révélateur des craintes que génère cette structure, anciennement lieu d’accueil de mineurs isolés géré par la mairie de Paris, l’endroit ne s’appellera pas centre de déradicalisation mais « centre de prévention, d’insertion et de citoyenneté ».
Des profils radicalisés, mais pas trop
Les pensionnaires, eux, seront triés sur le volet : exclusivement des adultes de 18 à 30 ans, sans procédure judiciaire en cours, signalés par leurs familles et… volontaires, pour une durée maximale de 10 mois. Non incarcérées, ces personnes bénéficieront d’autorisations de sortie après quelques semaines de présence. Reste à savoir si ces conditions très restrictives dureront dans le temps, ou si elles servent à calmer les esprits avant d’accueillir, plus tard, des profils plus radicaux.
Pour le moment, ils ne devraient qu’être une dizaine, voire moins, à occuper le bâtiment qui dispose de 30 places. Le tri de ces pensionnaires, effectué par des associations mandatées par l’État, exclut les « fichés S » dont personne ne voulait dans ce centre qui devait être fermé par la mairie de Paris en juin 2016, laissant 35 salariés sur le carreau.
La formation expresse de personnels non spécialisés interrogeLa vingtaine d’éducateurs et d’agents de maintenance repris dans le nouveau projet – et la dizaine de personnels embauchés en sus – ont bénéficié de deux mois de formation intensive cet été, dispensée par des sociologues et des psychologues. Sur le djihad, l’islam, mais aussi la géopolitique et la réinsertion.
Suffisant pour traiter des cas complexes, aux ressorts psychologiques et sociologiques singuliers ? L’avenir le dira, les spécialistes estimant qu’un premier bilan ne pourra être fait qu’un an après l’ouverture du centre. En attendant, l’installation des systèmes de sécurité aurait pris du retard, selon La Nouvelle République : une quinzaine de jours serait encore nécessaire pour assurer une surveillance permanente des lieux.
Une première expérience bientôt étendue à toutes les régionsLe centre de Pontourny est une première dans le cadre du « plan d’action contre la radicalisation djihadiste » annoncé par Manuel Valls en mai, avant l’ouverture d’une structure similaire dans chaque région de France. D’autres centres ont déjà été portés par des initiatives citoyennes, à l’image de celui de l’anthropologue Dounia Bouzar. Avec des résultats plus que mitigés malgré une pluie de subvention publique. Le programme de l’État va-t-il réussir à faire mieux face à la radicalisation d’une partie de sa jeunesse ?
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