Macron, cet homme "de gauche" qui devrait concourir à droite…

L’ex-ministre de l’Economie est beaucoup plus populaire chez les sympathisants de la droite et du centre que ceux de gauche. Au point de gêner les prétendants de Les Républicains à la présidentielle ?

Si son mouvement En Marche n’est, selon ses dires, « pas à droite, pas à gauche », Emmanuel Macron, lui, a choisi son bord. « Je suis de gauche », a affirmé l’ex-ministre de l’Economie sur TF1 au soir de son départ du gouvernement, lundi. Ça tombe mal : l’institut Elabe a interrogé les Français sur les termes décrivant le mieux Emmanuel Macron… et c’est le qualificatif « de gauche » qui arrive en dernier, avec seulement 27% d’approbation, selon un sondage pour BFMTV réalisé ces deux derniers jours. Une étude qui confirme que cet ex-ministre d’un gouvernement socialiste plait en réalité surtout aux électeurs de la droite et du centre. Ceux-ci sont en effet bien plus nombreux (49%) que les sympathisants de gauche (28%) à souhaiter sa candidature. Tout comme ils sont bien plus nombreux à juger positivement son bilan à Bercy (56% contre 38%)…

« Si Macron est candidat, ce n’est pas le même match »

« Hollande va peut-être en pâtir, mais Macron peut surtout faire du mal à la droite. Des gens qui sont plutôt centristes et libéraux peuvent se tourner vers lui », observe un député LR, qui a noté l’attrait de ses sympathisants pour Macron en parcourant les marchés. Cet élu s’inquiète : « Notre meilleur adversaire, c’est Hollande. Si Macron est candidat, ce n’est pas le même match. »

Est-ce parce qu’il risque de mordre sur leurs plates-bandes que les candidats à la primaire de la droite ont bruyamment ricané à l’annonce du départ d’Emmanuel Macron de Bercy ? « A sa place, je continuerais de m’occuper de l’économie française », a persiflé Nicolas Sarkozy. François Fillon a raillé « la fin d’une imposture » tandis qu’Alain Juppé, plus littéraire, l’a comparé à « docteur Jekyll et Mister Hyde ».

Toujours favori de la primaire dans les sondages, le maire de Bordeaux pourrait-il être concurrencé sur son créneau modéré par Macron ? L’hypothèse est avancée chez les sarkozistes. « S’il est candidat, il peut surtout être très embêtant pour Alain Juppé. Alors que face à Nicolas Sarkozy, il y aura François Bayrou, Emmanuel Macron, la gauche, etc. », affirme dans Le Monde le député Eric Ciotti, nouveau porte-parole de Sarkozy. Dans l’équipe Juppé, on rappelle tout de même qu’avant la présidentielle, une primaire va départager les prétendants de la droite… et qu’Emmanuel Macron n’y est pas candidat ! « Après la primaire, il fera jour. On verra bien l’offre en présence à ce moment-là », temporise Gilles Boyer, le directeur de campagne du maire de Bordeaux, interrogé par Marianne.

Plébiscité par les électeurs de Bayrou

Mais Emmanuel Macron pourrait surtout faire bouger les lignes en terre centriste. Dans le baromètre Ipsos/Le Point du mois d’août, ce sont les électeurs de François Bayrou en 2012 qui approuvent le plus son action (46,5%). Le problème, c’est que le patron du MoDem sous-entend partout qu’il se lancera dans une quatrième campagne présidentielle si Alain Juppé, qu’il soutient, ne remporte pas la primaire. Autant dire que l’irruption d’Emmanuel Macron pourrait faire de l’ombre à ce vieux routier de la politique… A l’UDI, rendue inaudible par l’absence de personnalité fédératrice, on y voit au contraire une planche de salut. Jean-Christophe Lagarde, le patron du parti créé par Jean-Louis Borloo, s’est jeté sur l’occasion au lendemain de la démission de Macron : « Il est au centre gauche, nous au centre droit, nous avons vocation à nous parler. » Adepte du ni droite ni gauche, Emmanuel Macron pourrait-il réconcilier les centres ?

 

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