Sur les 81 parlementaires, 61 ont voté pour la destitution de la dirigeante de gauche, élue en 2010 et qui sera remplacée dans la foulée par son ancien vice-président et rival Michel Temer (PMDB, centre droit), qui assurait l’intérim de Dilma Rousseff depuis le mois de mai.
Fin de partie pour Dilma Rousseff. La présidente du Brésil a été destituée ce mercredi 31 août par le Sénat pour maquillage des comptes publics. Sur les 81 parlementaires, 61 ont voté pour la destitution de la dirigeante de gauche, élue en 2010 et qui sera remplacée dans la foulée par son ancien vice-président et rival Michel Temer (PMDB, centre droit). Dilma Rousseff conserve en revanche ses droits civiques.
Le couperet des sénateurs intervient au terme d’une procédure hautement controversée. Dilma Rousseff, qui a suivi le vote depuis sa résidence du palais de l’Alvorada en compagnie de son mentor, l’ex-président Lula da Silva, devrait faire une déclaration à la presse avant de quitter Brasilia pour rejoindre son domicile de Porto Alegre, dans le sud du pays, où vivent sa fille et ses deux petits-fils.
Son ex vice-président Michel Temer, 75 ans, qui a précipité sa chute, doit prêter serment dans la foulée, avant de s’envoler vers la Chine pour participer à un sommet du G20, où il tentera de redorer le blason terni de la première économie d’Amérique latine. Tout aussi impopulaire que sa rivale, il exerçait déjà la présidence à titre intérimaire depuis la suspension, le 12 mai par le Sénat, de la première femme élue à la tête du cinquième pays le plus peuplé de la planète.
Englué depuis la réélection de Dilma Rousseff, fin 2014, dans une crise politique et économique de magnitudes historiques, sur fond de méga-scandale de corruption, le Brésil rompt ainsi avec 13 ans de gouvernements du Parti des travailleurs (PT) initiée en 2003 par Lula. Une longue page d’histoire marquée par le « miracle » socio-économique des années 2000 qui a vu sortir 29 millions de Brésiliens de la misère, avant les affaires de corruption et un brutal retournement économique qui ont précipité le Brésil et Dilma Rousseff dans l’abîme.
Le verdict est tombé au sixième jour d’un procès marathon, de dizaines d’heures de débats techniques et passionnés où le droit de la défense et la Constitution auront été scrupuleusement respectés sur la forme, sans forcément convaincre de la culpabilité de Dilma Rousseff au plan strictement juridique.
Le motif de cette destitution? Le maquillage des comptes publics pour camoufler l’ampleur du déficit, via un tour de passe-passe faisant incomber certains frais à des banques publiques, et l’approbation de trois décrets engageant des dépenses sans le feu vert du Parlement. Pour la défense de Dilma Rousseff, tous ses prédécesseurs ont eu recours aux manoeuvres budgétaires incriminées sans avoir été inquiétés. Il s’agit donc selon elle d’un « coup d’Etat » institutionnel orchestré par l’opposition de droite et Michel Temer. Le vice-président avait en effet porté un coup fatal à cette ex-guérillera de 68 ans, torturée et emprisonnée sous la dictature (1964-1985), en poussant en mars son grand parti centriste, le PMDB à claquer la porte de sa coalition.
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