Latin et grec, interdisciplinarité, classes bilangues… la réforme du collège fait sa rentrée

C’est jeudi la rentrée des classes… et le jour J pour les fameux enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) et autres nouveautés dans les collèges. La ministre Najat Vallaud-Belkacem affiche son optimisme, mais sur le terrain, beaucoup de profs tirent toujours la langue. L’intersyndicale opposée à la réforme appelle à la grève le 8 septembre.

861.000 enseignants reprennent ce mercredi 31 août le chemin des établissements, un jour avant les 12,4 millions d’élèves qui font leur rentrée des classes jeudi. Et parmi eux, les profs de collège devront s’accoutumer à ce nouveau sigle : EPI, pour enseignement pratique interdisciplinaire. C’est la mesure phare de la réforme du collège qui entre en vigueur après 18 mois de contestation. Désormais, chaque établissement devra faire place à ces cours mêlant plusieurs matières. Autres nouveautés : l’accompagnement personnalisé est généralisé, la première langue vivante est avancée d’un an (au CP et non plus au CE1), tout comme la deuxième (cinquième et non plus quatrième) – et une partie des classes bilangues est sacrifiée au passage. Enfin, les options latin et grec disparaissent, même si, face à la fronde des enseignants de lettres classiques, Najat Vallaud-Belkacem a dû introduire un EPI « langues et culture de l’Antiquité » ainsi qu’un « enseignement de complément » sur ces disciplines.

Autant de mesures vantées par la ministre de l’Education nationale lors de sa conférence de presse de rentrée, lundi. « La réforme du collège n’est pas l’Apocalypse annoncée », a-t-elle martelé en balayant d’un revers de la main « fantasmes » et « élucubrations ». Pourtant, sur le terrain, le tableau est loin d’être idyllique. Preuve que la fronde est encore vive, le front syndical toujours mobilisé contre la réforme représente 80% des profs ayant voté aux dernières élections professionnelles. Parmi les organisations opposées au texte, le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, mais aussi le Snep, FO, la CGT et Sud appellent à la grève le vendredi 8 septembre. Au cœur des inquiétudes, les difficultés que posera l’organisation des EPI, qui grignoteront sur les anciens horaires des disciplines, mais aussi le manque de formation des professeurs, peu habitués à travailler ensemble. Le malaise est d’autant plus grand que le ministère a jugé bon, parallèlement à la réforme du collège, de mettre en place cette année celle des programmes scolaires, désormais construits par cycle de trois ans.

« Lassitude » et « gâchis »

Résultat : Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-FSU, a déploré vendredi dernier « un état d’esprit des enseignants marqué par beaucoup de lassitude devant l’empilement des réformes » et « un sentiment de gâchis ». « Les professeurs sont très désorientés, ils ne savent plus ce qu’on leur demande », estime-t-elle. « Nous ne voyons pas une rentrée apaisée », a renchéri mardi Hubert Raguin, secrétaire général de la fédération FNEC-FP-FO. Alors qu’à un an de la présidentielle, le gouvernement tente de chouchouter les profs, hausses de salaires à l’appui, la dernière rentrée du quinquennat ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices.

 

 

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