La Commission européenne veut qu'Apple rembourse 13 milliards d'euros à l'Irlande… qui refuse

Depuis 1991, l’Irlande accorde un tarif fiscal très préférentiel au groupe Apple, dont 5 000 salariés travaillent dans le pays. Un accord jugé illégal par la Commission européenne qui demande une restitution de plusieurs milliards d’euros. Sauf que l’Irlande ne veut pas de l’argent d’Apple…

L’Irlande refuse le jackpot. Le 30 août, la commissaire européenne chargée de la concurrence, Margrethe Vestager, a fait savoir qu’elle allait déclarer illégaux les accords entre l’Irlande et la société américaine Apple, accords préférentiels qui permettent à cette dernière de bénéficier d’un taux d’imposition ridiculement bas dans le pays. En contrepartie de cette décision, l’Irlande pourrait récupérer jusqu’à 13 milliards d’euros de restitution… 13 milliards qu’elle refuse de toucher.

C’est la première fois que la Commission européenne impose un remboursement aussi important après détection d’aides d’État illégales. La somme représenterait 23% du budget annuel de l’Irlande. Mais le ministre de l’Economie a presque immédiatement réagi : « Je suis en désaccord profond avec la décision de la Commission. » Pas illogique puisque l’Irlande compte sur ces arrangements fiscaux pour attirer des sociétés sur ses terres. Elle voit donc ses intérêts sur le long terme. Le ministre va demander l’autorisation de son gouvernement pour faire appel de la décision de la Commission européenne. Ainsi, Apple n’aura pas à bouger le petit doigt. Le ministre s’en explique ainsi :

« C’est nécessaire pour défendre l’intégrité de notre système fiscal, pour fournir une visibilité fiscale aux entreprises, et pour combattre l’intrusion des règles européennes (…) dans les compétences souveraines d’un pays membre sur la fiscalité. »

Tim Cook, le patron d’Apple, boit du petit lait. Il a souligné l’absurdité de la situation :

« Nous nous retrouvons dans la position inhabituelle d’être condamnés à payer rétroactivement des impôts à un gouvernement qui dit qu’on ne lui doit pas plus que ce qu’on a déjà payé. »

Un taux d’imposition de 2%

Cela faisait trois ans que la Commission européenne enquêtait sur un système fiscal mis en place dès 1991, et renouvelé en 2007, entre Dublin et la marque à la pomme. L’accord a permis au groupe de ne payer qu’environ 2% d’impôts par an sur les profits réalisés par deux de ses filiales locales, Apple Operations Europe et Apple Sales International. Le taux d’imposition des enteprises en Irlande est officiellement de 12,5%. A titre comparaison, ce taux est de 33% en France.
 
Ces derniers mois, Apple et Dublin avaient prévenu qu’ils pourraient faire appel de la décision devant la Cour de justice européenne. Mais le groupe américain devra tout de même avancer l’argent et inscrire l’amende dans ses comptes.
 
Quant à la commissaire Margrethe Vestager, c’est la quatrième fois en à peine un an qu’elle condamne des groupes pour ces accords préférentiels jugés illégaux. Starbucks et Fiat ont par exemple été condamnés à reverser plusieurs dizaines de millions d’euros aux Pays-Bas et au Luxembourg.
 
 

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