"A Lyon, l’humanisme prend l’eau avec Gérard Collomb !"

Gérard Collomb n’est pas humaniste. En décidant, au beau milieu de l’été, de couper l’eau des fontaines du Jardin des Chartreux pour tenter de faire partir les familles sans abri qui se sont réfugiées là, il a liquidé d’un seul coup le compte épargne déjà chichement pourvu de sa crédibilité politique en matière sociale.

Qui a entendu une fois un discours de Gérard Collomb, sénateur-maire-président, les a tous entendus. Qu’il s’agisse de l’inauguration d’une maison de retraite, de l’ouverture de la Foire de Lyon ou de ses vœux à la ville et au monde, personne n’échappe à son homélie sur « l’humanisme lyonnais » dans lequel il semble puiser l’engagement politique de toute une vie. A telle enseigne que son andouillette humaniste est parfaitement bien ficelée, mélange empesé d’herriotisme et de catholicisme social. C’est ce qu’il appelle le « modèle lyonnais ». On y croirait… Pourtant l’humanisme, comme la religion, a ses Tartuffe… et Gérard Collomb vient de fournir la preuve, qu’en la matière, il est sans doute croyant mais certainement pas pratiquant.

L’honnêteté m’oblige à le dire aujourd’hui : Gérard Collomb n’est pas humaniste. En décidant, au beau milieu de l’été, de couper l’eau des fontaines du Jardin des Chartreux pour tenter de faire partir les familles sans abri qui se sont réfugiées là, il a liquidé d’un seul coup le compte épargne déjà chichement pourvu de sa crédibilité politique en matière sociale. Non content d’avoir fermé autoritairement les bains douches du 1er arrondissement de Lyon en janvier 2016, le voici qui s’attaque cet été aux fontaines municipales.

Comment comprendre l’acharnement du maire de Lyon à l’égard de ces sept familles au point de se transformer, lui, le Président de Métropole à la tête d’un budget de 3 milliards d’euros, qui tant de fois a failli être ministre, en fontainier acrimonieux prêt à prendre les habits du Papet et d’Ugolin privant Jean de Florette de la source indispensable à sa survie ?  Les arguments du maire de Lyon sont assourdissants : il s’agirait d’éviter « un appel d’air » car tous les Roms d’Europe risquent de fondre sur Lyon si on laissait couler l’eau dans le jardin des Chartreux. Alors, pour Gérard Collomb, il est plus simple de tarir les fontaines, pour que  « ces gens-là » aillent ailleurs. Circulez, y a rien à boire …

Etre humaniste n’est ni de droite ni de gauche. Etre humaniste, c’est s’adresser, comme l’écrivait fort bien Louis-Joseph Lebret – fondateur d’Economie et Humanisme et souvent cité par Gérard Collomb – « à des femmes et des hommes pluriels, dans leurs origines comme dans le sens qu’ils donnent à leur existence. [L’humaniste] n’est ni dogmatique, ni moralisateur. Il est éthique et en appelle à la responsabilité de chacun face au devenir de tous ». La responsabilité. Voilà le cœur du sujet. Quand on est élu, on se doit d’assumer toutes les responsabilités qui nous incombent. Si on ne veut pas « gérer » les populations en errance autrement qu’en les assoiffant, alors, il faut abandonner le terrain du politique. Etre maire, ce n’est pas seulement imaginer la ville de demain, bâtir des tours (sic), fleurir ses berges et fournir des vélos en (presque) libre-service. Etre maire, c’est aussi s’occuper de sa ville partout et maintenant. Etre maire c’est se préoccuper de tous celles et ceux qui souhaitent y vivre : qu’ils ou elles soient  avec ou sans abri, avec ou sans le sou, avec ou sans carte d’électeur. Alors, s’il existe une rupture à gauche, elle n’est peut-être pas ailleurs : c’est celle qui différencie les humanistes des autres.

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