Crise du lait : échec des négociations avec Lactalis

Le géant qui collecte 20% de la production de lait en France a fait dans la nuit une proposition de prix que les producteurs jugent encore bien faible et qui reste, de fait, derrière ses concurrents.

Onze heures de pourparlers et pas d’accord. Les négociations entre les éleveurs et le groupe Lactalis sur le prix du lait se sont terminées dans la nuit par un constat d’échec dressé par le médiateur des relations commerciales Francis Amand. Les manifestants à Laval promettent donc de poursuivre le blocus de l’usine du géant laitier, qu’ils accusent de pratiquer des prix trop faibles.

Le mouvement, qui a débuté lundi soir, « se poursuit. On ne sortira qu’avec une victoire », a ainsi assuré le président de la FDSEA de Mayenne, Philippe Jéhan, quelques minutes après l’annonce de l’échec des discussions entre les représentants des producteurs de lait et ceux du groupe agro-alimentaire. « Je suis très déçu sur la méthode, j’ai eu l’impression que les représentants des organisations de producteurs n’étaient pas en capacité de prendre des positions et qu’elles leur étaient dictées depuis Laval. On repart à zéro, il n’y a plus de médiation possible dans ce cadre-là », a-t-il ajouté.

Lactalis renvoie la responsabilité à la FNSEA

Le médiateur a précisé qu’il avait fait une « proposition de la dernière chance à 280 euros les mille litres » pour les cinq derniers mois de 2016, une offre qu’avait acceptée Lactalis mais critiqué par la Fédération des producteurs de lait pour le faible prix offert aux éleveurs. A 256,90 euros la tonne achetée en juillet, Lactalis se trouvait loin derrière le groupe Laïta et la société Silav (290 euros la tonne) ou encore la laiterie Saint-Père, filiale d’Intermarché, qui rémunère les éleveurs 300 euros les 1.000 litres. Tard dans la soirée près de 1.000 personnes s’étaient rassemblées sur le rond-point de la « honte du lait », entourées de près de 150 tracteurs. « On ne partira pas, il faudra que Lactalis cède », a affirmé le président des Jeunes agriculteurs (JA) de Mayenne, Jérémy Trémeau. Selon lui, des tours de garde sont d’ores et déjà prévus jusqu’à lundi.

Avant les pourparlers avec Lactalis, les producteurs réclamaient « une visibilité jusqu’à la fin de l’année et un engagement écrit sur une nouvelle méthode de fixation du prix du lait », avait expliqué Florent Renaudier, producteur de lait en Mayenne et membre du conseil d’administration de la FNPL, la branche laitière de la FNSEA. Le porte-parole de Lactalis Michel Nalet a dénoncé de son côté le rôle du syndicat agricole FNSEA qui a, selon lui, « poussé un certain nombre d’organisations de producteurs à ne pas prendre de décisions. Elle devra en assumer les conséquences ». Il n’a pas donné de détails, précisant uniquement que le groupe tiendrait une réunion vendredi pour en discuter.

L’été dernier, les tables rondes s’étaient succédé pendant des semaines au ministère de l’Agriculture avant de parvenir à un accord sur les prix de la viande et du lait. Ce dernier n’a jamais été appliqué. Un producteur sur cinq en France travaille pour Lactalis soit 20% de la collecte française, sur un total de 25 milliards de litre de lait produits annuellement en France. Outre des marques très connues en France (Lactel, Bridel, Président, Lanquetot, Roquefort Société…), Lactalis est devenu un géant mondial en absorbant de nombreux groupes à l’étranger.

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