Candidat déclaré à la présidentielle depuis ce lundi, Nicolas Sarkozy a enregistré le ralliement de plusieurs ténors de la droite qui disent aujourd’hui le plus grand bien de lui… alors qu’il ne l’ont pas toujours épargné hier. Petit florilège d’opportunisme.
Il déteste Juppé. Du coup, il a rallié Sarkozy, qui lui aurait promis Matignon. Logique. Sauf que ce choix oblige François Baroin, désormais engagé dans une campagne à droite toute, à quelques compromissions. Pendant le quinquennat Sarkozy, le chiraquien avait soigneusement pris ses distances avec certaines orientations. « Le débat sur l’identité nationale ne peut que servir le FN », déplorait par exemple en 2009 dans Le Monde cet opposant déclaré au « ni-ni » entre Parti socialiste et Front national. Et pourtant, ce 24 août sur Europe 1, Baroin affirme que « c’est une grave erreur que d’imaginer que de parler d’identité est une droitisation »… Même s’il a mis de l’eau dans son vin modéré, le sénateur-maire de Troyes se dit aujourd’hui encore contre l’interdiction du voile à l’université et celle des menus de substitution dans les cantines scolaires… à rebours d’un Sarkozy qu’il devra désormais défendre bec et ongles.
Il est revenu au bercail sarkoziste parce qu’il sent « un retour à la confiance en Nicolas Sarkozy dans le peuple de droite », a-t-il déclaré au Figaro le 19 août. Pressenti pour diriger la campagne de Nicolas Sarkozy, Gérald Darmanin s’était pourtant éloigné de celui qui l’avait fait émerger médiatiquement en le nommant porte-parole de sa campagne pour la présidence de l’UMP en 2014. « Je n’ai pas senti d’envie de Sarkozy pendant la campagne » des régionales, assurait-il ainsi à La Voix du Nord en janvier dernier. Le maire de Tourcoing conseillait alors peu amicalement à son ancien boss de changer « d’entourage et de méthode » et disait préférer « le Sarkozy de 2007 à celui de 2012 », au motif que « les débats identitaires sont nauséabonds ». Vu la tonalité du lancement de la campagne sarkoziste, il faut croire que l’odorat de Darmanin a fini par s’habituer…
Les archives sont cruelles. Voici ce que déclarait Eric Ciotti dans Valeurs actuelles à l’été 2014 : « J’ai de l’affection pour Nicolas Sarkozy mais je considère que, pour 2017, le meilleur pour devenir président de la République, c’est François Fillon. » Deux ans plus tard, pour traduire en actes son vibrant engagement, Eric Ciotti va très bientôt être nommé porte-parole de la campagne de… l’ex-Président, auquel il a officialisé son soutien au printemps. « Seul Nicolas Sarkozy a le souffle et l’énergie nécessaires pour affronter une telle situation », s’enflammait-il en avril dans Nice Matin. Peut-être le député des Alpes-Maritimes, qui convoite le ministère de l’Intérieur en cas d’alternance, a-t-il jugé l’ancien président plus apte à satisfaire ses ambitions…
Cet hiver, on ne reconnaissait plus Christian Estrosi, engagé dans une étrange dérive centriste. En décembre 2015, le désormais ex-maire de Nice faisait une véritable leçon de morale à son « ami » Nicolas Sarkozy. « Contrairement à lui, je ne pense pas que nous, élus Républicains, devions tenir un discours toujours plus à droite. Plus on va à droite, plus on fait monter le FN », s’insurgeait dans Paris Match le nouveau président de la région Paca – élu, il est vrai, grâce aux voix de la gauche. Mais aujourd’hui, les reproches sont oubliés. « Il est le meilleur candidat », a asséné Christian Estrosi dans le JDD le 21 août, louant le « discours clair » de Sarkozy. Et tant pis si celui-ci ressemble fort au « discours toujours plus à droite » que dénonçait Estrosi Christian il y a huit mois.
Depuis la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012, Pierre Lellouche n’hésite pas à se lâcher en privé sur l’ancien président. « Il peut nous faire perdre, mais il ne peut pas gagner. Le ressort est cassé avec les Français », confiait-il à L’Express en 2013. « De toute façon je ne soutiendrai jamais Sarkozy, il ne gagnera pas », ajoutait-il en 2015, selon des propos rapportés par France Info. L’élu avait donc rejoint l’écurie de François Fillon, au point de signer avec d’autres parlementaires une tribune de soutien à l’ancien Premier ministre en avril dernier. Mais patatras : voilà que Pierre Lellouche a été aperçu au nouveau QG de campagne de Nicolas Sarkozy ce mardi 23 août. Sans doute pas pour une simple visite de courtoisie…
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