La Chine, championne du trafic d'organes sur prisonniers, reçoit le congrès de la transplantation

Des docteurs et membres d’ONG médicales s’opposent à la tenue à Hong Kong du congrès annuel de la Société de Transplantation qui a commencé hier, jeudi 18 août. Un rassemblement qui se tient en Chine alors que le pays est justement montré du doigt pour ses pratiques en matière de transplantation d’organes : pendant longtemps, la Chine a excellé dans le prélèvement abusif d’organes sur des détenus exécutés, particulièrement sur les pratiquants du Falung Gong. Pas sûr que la situation ait réellement changé…

Dans un article publié mercredi par l’American journal of transplantation, plusieurs docteurs et membres d’ONG médicales se sont élevés contre la tenue à Hong Kong du congrès annuel de la Société de transplantation, qui célèbre par ailleurs en 2016 son 50e anniversaire. Malgré les affirmations des autorités chinoises, les auteurs de l’article estiment en effet qu’il est impossible de s’assurer que les prélèvements d’organes sur les condamnés à mort exécutés ont pris fin. La Chine a en effet longtemps tiré profit de ces exécutions en récupérant les organes des condamnés pour répondre à la demande de greffe dans les hôpitaux. Accusées par la communauté internationale d’effectuer ces prélèvements sans l’accord des détenus, ce n’est qu’en 2015 que les autorités chinoise ont interdit cette pratique.

On peut lire sous la plume de ces professionnels :

« Dans le contexte actuel, il n’est pas possible de vérifier la véracité des changements annoncés et il demeure prématuré d’inclure la Chine comme partenaire éthique dans la communauté internationale des transplantations. Jusqu’à ce que nous ayant des preuves indépendantes et objectives de la complète cessation du prélèvement non-éthique d’organes sur les prisonniers, la communauté médicale a la responsabilité professionnelle de maintenir un embargo académique sur les professionnels de la transplantation chinois« 

Le Dr. Jacob Lavee, président de la société de transplantation israélienne a affirmé le 17 août dans une interview au New York Times qu’en autorisant la tenue du congrès à Hong Kong, la Société de transplantation avait « abandonné sa seule arme contre la Chine pouvant forcer le pays à effectuer un prélèvement éthique des organes« .

La Société de transplantation a pour sa part renvoyé à un communiqué affirmant qu’elle était opposée au prélèvement d’organes contraires à l’éthique et que toutes « les donations d’organes de prisonniers exécutés sont rejetées« . La tenue du congrès n’a en rien été modifiée. 

Refus des Chinois de donner leurs organes 

En 2014, le Dr. Huang Jiefu, président du comité chinois de donation d’organes et de transplantation, expliquait au Figaro pourquoi ces prélèvement sur les prisonniers étaient si courant. Il faut chercher derrière l’importance de la tradition chinoise qui voudrait qu’un mort soit enterré sans mutilation, ce qui exclu le don d’organe. A cela s’ajouterait la peur des « Chinois qui s’inquiètent de savoir si les organes seront distribués de façon transparente et juste« . Résultat, beaucoup de demandes mais peu de candidats au don d’organes. 300.000 patients auraient besoin chaque année d’un rein ou d’un cœur, mais seulement 10.000 transplantations peuvent avoir lieu.

Ce déséquilibre entre offre et demande explique sans le justifier le recours de l’Etat aux organes des bagnards. En 2009, 90% des organes prélevés sur des morts étaient ceux de condamnés à la peine capitale selon China Daily. La réforme de 2015 était censée mettre un terme à cette pratique. Mais de l’aveu même du Dr. Huang Jiefu dans le New York Times du 17 août, l’application de la réforme laisserait à désirer :

« Nous sommes à la première marche et il reste 10.000 li [mesure chinoise équivalente à environ 500 mètres, ndlr] à parcourir, la charge est lourde et la route longue mais nous marchons vers la lumière ».

Jusqu’à 90.000 opérations clandestines

Une étude menée en 2006 et reconduite en 2016, et dont les résultats ont été publiés en juillet dernier, tend à prouver que la situation ne s’est pas du tout améliorée. Menée par un ancien député du parti Libéral au Canada et avocat, David Kilgour, l’enquête démontre qu’entre 60.000 et 90.000 opérations clandestines ont dû avoir cours en Chine l’an passé, contre 10.000 greffes d’organes déclarées officiellement.

La crainte d’une épuration des adeptes du Falung Gong

Les auteurs de l’article de l’American journal of transplantation craignent également que derrière ce prélèvement illégal d’organes se cache un ethnocide des minorités religieuses, tels que les pratiquants du Falung Gong, un mouvement spirituel interdit en Chine, et qui remplissent les prisons chinoises. Amnesty International pense que « des dizaines de millions d’entre eux sont derrière les barreaux » même s’il est « très difficile de donner un chiffre précis » car « le système carcéral chinois est très opaque« . 

Toujours selon l’initiateur de l’enquête, David Kilgour, « la majorité des organes sont prélevés sur les prisonniers de conscience pratiquant du Falung Gong« . Selon ses observations, jusqu’à 1.5 millions de pratiquants auraient été tués pour leurs organes depuis 1999.

En 2006, son rapport rélévait une situation encore plus inquiétante : des tests de groupe sanguin et des examens d’organes étaient effectués sur des détenus pratiquants de Falun Gong. Ces derniers étaient par la suite sélectionnées par des médecins et leurs organes prélevés au cours d’une opération entraînant la mort.

En juin 2016, la chambre des représentants des Etats-Unis a adopté une résolution demandant au régime communiste chinois de cesser immédiatement les prélèvements forcés d’organes sur des pratiquants de Falun Gong et d’autres prisonniers d’opinion ouighours ou chrétiens.

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