Quand "La Rue des allocs" de M6 devait s'intituler "Quartier prioritaire"…

M6 diffuse ce 17 août au soir son programme intitulé « La Rue des allocs », censé montrer la vie au quotidien dans un quartier particulièrement touché par le chômage. A Saint-Leu, où le tournage a duré six mois, les habitants espèrent ne pas s’y retrouvés caricaturés. Ils se sentent déjà floués par le titre, qui n’était pas celui promis par la production.

C’est ce 17 août que les habitants de Saint-Leu, ce quartier pauvre d’Amien rebaptisé « La Rue des allocs » par les bons soins de M6, vont savoir ce que la chaîne a fait d’eux. Le premier épisode de ce « docu-réalité » inspiré du programme britannique Benefit street – qui avait été à la fois un carton d’audience et l’objet d’une forte polémique outre-Manche en 2014 – est diffusé ce mercredi soir. 

Début août, dans le Courrier Picard, certains de ceux devenus des « personnages » s’inquiétaient des choix de la production. A commencer par celui du titre. La Rue des allocs, on a connu moins stigmatisant. « On est quand même choqués, expliquait ainsi Cyndi Bellenger, l’une des figures du quartier. Tout ce que j’espère, c’est qu’ils montreront la réalité de ce qu’ils ont tourné et pas des montages qui nous feraient passer pour des cas sociaux. (…) De toute façon, on demandera à être indemnisés si l’émission est truquée.« 

Selon nos informations, le programme devait au départ s’intituler Quartier prioritaire. C’est en tout cas ainsi qu’il a été présenté sur l’autorisation de diffusion signée par les protagonistes que nous avons pu consultée. Le document précisait qu’il s’agissait d’un titre « provisoire ou définitif« .

« La rue du chômage »

Le réalisateur Stéphane Munka, à qui l’on doit des enquêtes sur Emile Louis ou Jean-Pierre Treiber, et dont les documentaires ont déjà été diffusés dans Spécial Investigation sur Canal + ou Infrarouge sur France 2, précise au Courrier Picard ce mercredi qu’il n’est pas à l’origine du titre déjà tant critiqué : « Le problème, c’est l’emploi ou plutôt le chômage. J’aurais préféré ‘La rue du chômage’. » Dans Libération, il explique également :

« La seule chose qui m’intéressait était de mettre un visage sur les statistiques du chômage que l’on entend tous les mois tomber à la radio ou à la télé. Je voulais montrer ce que c’était de vivre avec du chômage longue durée, avec moins de 1000 euros par mois. »

Commentaires caricaturaux

Le résultat ? « Une voix off insistante et des commentaires peu nuancés« , selon France Inter. « Quelques scènes fortes et intéressantes » mais une expérience « à la limite du voyeurisme [qui] laisse une drôle d’impression finale« , pour Libé : « A trop vouloir étaler la dure réalité de Saint-Leu, le documentaire fige une certaine représentation de la pauvreté. » L’alcoolisme y est notamment omniprésent, accompagnés de ce types de commentaires de la voix off :

« La fête commence tôt car c’est le jour des allocs et ça tombe bien, dans l’appartement il n’y a plus rien à boire. (…) 

Tous attendent l’ouverture de la banque pour aller acheter de l’alcool….« 

Stéphane Munka concède au micro de France Inter avoir laissé « quatre ou cinq commentaires que j’avais écrits de manière un peu caricaturale« . Car « finalement, la manière dont je les ai écrits au montage est un peu représentative de la manière dont je les ai vécus sur le tournage« . Des commentaires qui ne devraient pas choqué tout le monde. Libération, par exemple, considère que le film est au contraire « étonnamment sobre dans l’écriture« , au point de se demander « si l’on est bien sur M6« . Reste à savoir si les habitants de Saint-Leu seront du même avis.

 

>> Cet article a été mis à jour avec le titre original imaginé par la production.

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