Un site Internet à la gloire de Marine Le Pen a été mis en ligne le 14 juillet. Tout beau, tout neuf, ce support dédié à la communication numérique de la présidente du Front national a été développé par e-Politic. Une société dirigée par Paul-Alexandre Martin, étoile montante dans la galaxie des prestataires préférés de Marine Le Pen, au premier rang desquels on retrouve, encore et toujours, l’influent Frédéric Chatillon.
Le 14 juillet dernier, un nouveau site a vu le jour sur la toile : Marine2017.fr. « Un nouvel outil essentiel pour la cause nationale », dixit Marine Le Pen. Une plateforme censée lui permettre de rester « au top de la modernité, au top des nouvelles technologies de communication », en vue de l’élection présidentielle du printemps prochain. Pour développer cet espace, la candidate n’est pas allée chercher bien loin. Comme à son habitude, la présidente du Front national a mis les copains sur le coup, confiant la prestation à une jeune boîte de communication : e-Politic.
Créée il y a deux ans, cette SARL de quatre salariés est dirigée par Paul-Alexandre Martin. Inconnu du grand public, ce jeune entrepreneur de 26 ans fait partie des jeunes pousses qui gravitent dans le giron de Marine Le Pen et de ses plus vieux amis – et prestataires : Frédéric Chatillon et Axel Loustau. Les deux anciens leaders du GUD (un syndicat d’extrême droite actif dans les années 80-90) sont englués dans l’affaire du financement illégal des campagnes électorales du FN. Un dossier qui leur vaut des mises en examens multiples. L’un, Frédéric Chatillon, 48 ans, pour son rôle à la tête de Riwal, la société soupçonnée d’avoir surfacturé des kits de campagne pour des candidats aux législatives de 2012, ainsi que des prestations fournies au parti au moment de la présidentielle, la même année. Et l’autre, Axel Loustau, 45 ans, pour sa casquette de trésorier de Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen, accusé d’avoir prêté de l’argent avec des taux d’intérêts élevés à ces mêmes candidats pour qu’ils achètent les fameux kits.
A l’époque, Paul-Alexandre Martin, n’est pas encore passé côté business. Mais déjà, l’étudiant à la fac de droit d’Assas milite activement au FN, où il fréquente Loustau, Chatillon et leur groupe de jeunes et anciens « rats noirs« . Numéro 2 du Front national de la jeunesse (FNJ) alors présidé par son grand copain, Julien Rochedy, le jeune homme originaire de Chartres obtient sans difficulté l’investiture aux élections législatives dans la 8ème circonscription du Rhône (photo ci-contre). Il perd. Mais qu’importe : A 22 ans, Paul-Alexandre Martin sait qu’il peut compter sur de solides appuis dans le premier cercle de la patronne.
En juin 2014, avec la bénédiction de ses deux mentors, l’ambitieux lance e-Politic et s’installe au rez-de-chaussée du 27 rue des vignes, dans le XVIème arrondissement de Paris. A l’endroit même où Marine Le Pen et sa bande préparent la campagne de 2017 (lire notre enquête ici). Dans ses nouveaux bureaux, l’apprenti businessman côtoie la Patrouille de l’événement, une boîte qui gère les festivités de la ville de Fréjus, bastion du sénateur-maire David Rachline (lire nos articles ici ou là). Mais aussi Click and apps, une boîte qui développe des sites Web, ou Stream on fire, qui fait dans la diffusion d’événements en direct. Il y retrouve également Frédéric Chatillon et les salariés de Riwal, ainsi que le gérant de la SCI qui a acheté les murs du « 27 », Axel Loustau (photo ci-dessous – au centre – en compagnie de Julien Rochedy et Paul-Alexandre Martin), qui en a d’ailleurs profité pour y domicilier Jeanne. Que du beau monde, donc.
Un mois après la création de la boîte, en juillet, un nouvel associé fait son apparition : Frédéric Chatillon. Via l’une de ses sociétés, le groupe Erer, l’homme d’affaires rachète 370 parts sur les 1.000 que détenait initialement son poulain. Très vite, les contrats tombent. Avant de s’occuper du site perso de Marine Le Pen, Paul-Alexandre Martin a mis sur pieds les sites des élus FN au Parlement européen. Ceux de nombreux candidats aux dernières élections régionales. Ou encore celui de David Rachline, dont le nom est cité dans l’enquête judicaire sur le financement illégal du Front national. Rachline est soupçonné d’avoir bénéficié d’un emploi fictif de deux mois chez Riwal pendant la dernière campagne présidentielle.
Autant dire que ces deux dernières années, le jeune patron d’e-Politic n’a pas chômé. A qui facture-t-il ses services et pour quel montant ? Contacté par Marianne, le FN n’a pas encore répondu à nos sollicitations. De son côté, l’étoile montante des prestataires de Marine Le Pen a refusé de nous parler. « Je ne réponds pas aux questions de journalistes qui se sont trompés de vocation et auraient dû choisir la magistrature« . De ses aînés, Paul-Alexandre Martin a manifestement appris l’art de botter en touche.
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