Notre Pokémon Go des petits monstres qui squattent le radar de l'actu

De la folie Pokémon Go, on a dit – et écrit – tout ou presque, en variant un peu le ton. Inquiet : cette virtualité, n’est-ce pas le symptôme d’une déshumanité ? Algébrique : 8 millions de joueurs – et rien qu’aux Amériques ! Hospitaliers : étourdis par le jeu, quelques piétons distraits se sont fait renverser. Optimiste : en sortant pour chasser, c’est tout le patrimoine que vous redécouvrez… A « Marianne », ces petits monstres nous ont surtout fait penser à d’autres, qui ont surgi cette année dans le radar de l’information, tels des Pikachu bondissants dans le décor, parfois agaçants, lassants, voire révoltants. Voici donc notre album Panini des petits monstres de l’actu, à retrouver dans leur intégralité dans le « Marianne » de cette semaine. Il en manque, c’est sûr, et certains de nos choix vous paraîtront de mauvaise foi… Mais n’est-ce pas toute la saveur des jeux ?

Christine Angot : Mélancolux

C’est vrai : Mélancolux ressemble à une lanterne à gaz. Mais c’est parce qu’elle prétend éclairer nos consciences en publiant de grandes révélations dans les journaux. Ses derniers scoops ? Doc Gynéco est un artiste incompris : « Il ne chante pas juste : il chante vrai » (Libé) ; Isabelle Huppert aime les jeux de mots : « Ça va ? Et Isabelle : impeccable de téléphérique » (Madame Figaro) ; les Damnés d’Avignon nous rendent complices du terrorisme : « Ne venez pas pleurer quand les balles deviennent réelles » (le JDD). Lumineux ! La team de Mélancolux affirme qu’elle a aussi écrit des livres, avec de la littérature dedans. Mais c’est plus vraisemblablement une légende urbaine.

 

Christine Lagarde : le FMI en Pashmilla

Grand séducteur, le Pokémon Pashmilla, drapé dans une épaisse fourrure blanche, n’est pas sans rappeler Christine Lagarde et ses écharpes en doux cachemire. La Marie-Antoinette du FMI, toujours prompte à donner des leçons de maintien aux pays englués dans l’austérité économique par l’effet de ses propres purges, se révèle beaucoup moins diserte sur sa « négligence » dans l’arbitrage Tapie-Crédit lyonnais qui lui vaut, en tant qu’ancienne ministre de l’Economie sous Sarkozy, d’être renvoyée prochainement devant les magistrats de la Cour de justice de la République. Le chinchilla contre l’hermine : un procès au poil.

 

 Cyril Hanouna : le tapageur M. Mime

A l’image de M. Mime, Cyril Hanouna s’est fait un nom en officiant comme le clown officiel du PAF. Jusqu’à transformer l’émission d’actualité de la télévision « Touche pas à mon poste » (« TPMP ») en ego trip quotidien de deux heures. A force de gags potaches et d’outrances dans le traitement de ses chroniqueurs, « TPMP » est à la fois devenu le bateau ivre de D8 et son navire amiral, assurant l’essentiel des rentrées publicitaires de la chaîne de la TNT. Soucieux d’exploiter le filon pour lequel il a déboursé 250 millions d’euros sur cinq ans, l’actionnaire du groupe Vincent Bolloré lui a aussi donné du galon sur Canal + pour une « Très grosse émission » hebdomadaire à la rentrée. Et qui Mime le suive.

 

Léa Seydoux : la Poissirène en robe de bure

Bonne âme, Léa Seydoux a accepté cette année un rôle difficile mais crucial : celui de cible des moqueries du Web. Ses consœurs Marion Cotillard et Mélanie Laurent, reconnaissantes, savourent la pause que leur accorde l’actrice de la Vie d’Adèle. Consciente du niveau – la vidéo des saillies égocentriques de Mélanie Laurent valant son pesant de cacahuètes (si vous ne l’avez pas vue, tapez donc « Mélanie Laurent is curious of everything » sur Google), Léa Seydoux n’a pas ménagé ses efforts. Dans une interview accordée à Madame Figaro, la comédienne a déclaré venir de « l’école de la vie » – elle qui est issue d’une des plus grandes fortunes de France. Au cours du même entretien, Léa Seydoux s’est aussi déclarée « inapte à la vie domestique » et « habitée par [elle]-même ». Une nouvelle actrice française habitée (fût-ce par elle-même) : voilà au moins une bonne nouvelle.

 

Florian Philippot : les ruses de Carapuce

Il est insaisissable, tant il bondit d’un plateau télé l’autre pour répandre la bonne parole « patriote » – un mot qu’il aime accommoder à toutes les sauces – et plaider pour que la France se carapace un peu plus à chaque dépêche AFP. La tactique favorite du bras droit de Marine Le Pen, c’est de brouiller les pistes. En bon artisan de la « dédiabolisation », l’énarque a en effet développé un vocabulaire à en faire perdre son latin au pater doloroso Jean-Marie, et à ses électeurs de la première heure. Comme l’analysait Nicolas Dupont-Aignan dans nos colonnes en décembre dernier, Philippot tente de « donner au Front national une vitrine très différente de sa réalité profonde ». Un Pokémon masqué, en sorte.

 

Morandini : Bulbizar en eaux troubles

Des castings aux dessous malsains, de mystérieux mails envoyés à 5 heures du matin, de jeunes comédiens incités à se filmer nus, voire à se masturber devant la caméra… Ces pratiques révélées par les Inrocks avaient de quoi faire le bonheur de Jean-Marc Morandini, redoutable lorsqu’il s’agit de se jeter sur tout ce qui affole son audience sur Europe 1 ou les clics de son blog. Sauf que, cette fois, l’homme au centre de l’affaire s’appelle Morandini Jean-Marc, ex-star de la « télé-poubelle » reconvertie dans l’information racoleuse à souhait. Pas sûr que ses employeurs souhaitent le garder longtemps dans leur Pokéball…

 

 

 

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