Le soutien de Barack Obama à Hillary Clinton, un "baiser de la mort" ?

De la convention du Parti démocrate qui a officiellement sacré Hillary Clinton ce jeudi 28 juillet, une intervention aura marqué les esprits : celle de Barack Obama appelant les délégués de son parti à « porter » Hillary Clinton jusqu’à la Maison-Blanche. Mais pour cette dernière, le soutien des figures tutélaires que sont Bill Clinton et le président sortant pourrait s’avérer lourd, très lourd…

Définitivement investie ce jeudi 28 juillet, Hillary Clinton sort renforcée des quatre journées qui ont rythmé la convention du Parti démocrate. Après le discours de Michelle Obama lundi, l’intronisation de la candidate mardi, le président sortant Barack Obama a pris la parole ce mercredi devant les cadres du parti réunis à Philadelphie, en Pennsylvanie. L’actuel locataire de la Maison-Blanche a loué les qualités de son ancienne secrétaire d’Etat, appelant les électeurs démocrates à la « porter » jusqu’à la marche suprême, comme ils l’avaient fait pour lui huit ans plus tôt.

Un soutien aussi inévitable qu’indispensable pour la candidate démocrate à l’élection présidentielle. « Il existe peu de cas dans l’Histoire où le président sortant n’a pas soutenu son potentiel successeur issu du même camp« , souligne pour Marianne Thomas Snégaroff, historien spécialiste des Etats-Unis. « En 2000, Al Gore a commis une grave erreur en refusant que Bill Clinton s’implique dans sa campagne », rappelle-t-il. Une référence que ne peut pas oublier Hillary Clinton, qui était alors First Lady.

Le troisième mandat d’Obama ?

Alors bien sûr, Barack Obama a « fait le job ». « Je peux dire en toute confiance que jamais un homme ou une femme n’a été aussi qualifié qu’Hillary Clinton pour la présidence des Etats-Unis d’Amérique (…), pas moi, pas Bill (Clinton), ni personne ! », a-t-il ainsi clamé à Philadelphie. Avant d’étreindre son ancienne secrétaire d’Etat venue le rejoindre sur scène. Un soutien appuyé qui pourrait toutefois, si elle n’y prend garde, se retourner contre sa destinataire.

…voire le troisième mandat de BillL’ombre d’Obama peut s’avérer pesante pour une première raison qui paraît évidente : comment assumer sa filiation avec le sortant sans tuer chez les électeurs une aspiration légitime au changement ? « Ils défendent tous les deux un projet modéré, favorable à l’avancée des mœurs, aux classes moyennes, aux familles notamment », détaille Thomas Snégaroff, qui note néanmoins des vues différenciées en politique étrangère : « Clinton est adepte d’un plus grand interventionnisme qu’Obama, ce que l’on a déjà pu constater lorsqu’elle était au département d’Etat. » Reste que « l’idée qu’Hillary Clinton ferait le troisième mandat de Barack Obama est réelle », note le spécialiste. Quand ce n’est pas… le troisième quadriennat de son époux Bill, « d’autant que celui-ci devrait assumer de hautes responsabilités dans la potentielle administration d’Hillary ».

Se réaffirmer sans s’émanciper

Symboliquement, la lourdeur potentielle du poids d’Obama a déjà pu être aperçue à Philadelphie dans ses charges répétées à l’encontre de Donald Trump, ce « sauveur auto-proclamé » du pays. Une obsession que Thomas Snégaroff explique par « les attaques frontales que lui livre depuis des années le candidat républicain ». Sauf que ce dernier est l’adversaire d’Hillary Clinton qui, pour ne pas avoir l’air plus faible qu’elle ne l’est, doit « se sortir de cette position, coincée entre Obama et Trump », soutient l’historien.

Paradoxe de la position d’Hillary Clinton : elle qui bénéficie effectivement d’une expérience rare pour le poste (sénatrice, secrétaire d’Etat et même First Lady) ainsi que du soutien inestimable de deux derniers présidents démocrates emblématiques, prend dans le même temps le risque de se voir ramener par « ses » présidents au statut de « femme de » (Bill) ou de « dauphine de » (Barack). Avec à ses côtés de telles figures tutélaires, prévient l’historien, « il ne faudrait pas que le baiser de Philadelphie se transforme en baiser de la mort »

 


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