Finies les belles promesses : SFR veut réduire d'un tiers ses effectifs

La direction du deuxième groupe de télécoms français a annoncé aux syndicats mercredi 27 juillet la suppression de 5.000 postes à l’été prochain. Une coupe franche à rebours de ce que Patrick Drahi avait promis en 2014.

L’annonce a fait l’effet d’une bombe. Selon les informations du Monde, lors d’une réunion avec les syndicats mercredi 27 juillet, la direction de SFR a déclaré avoir fixé un « objectif cible » de 9.000 salariés d’ici fin 2017, ce qui revient concrètement à la suppression de 5.000 emplois. Un chiffre énorme qui représente un tiers des effectifs du groupe. Une nouvelle réunion de négociations devant se tenir ce jeudi 28 juillet, la direction a préféré s’abstenir de commenter ce chiffre. Mais elle insiste sur la nécessité, pour le groupe, de se « moderniser et se réorganiser », comme le précise l’AFP. Un classique.

Cette coupe franche, qui réduirait le nombre de CDI – aujourd’hui de 14.000 – à 9.000 postes, devrait avoir lieu dès juillet 2017. Impossible pour le groupe de le faire plus tôt. En effet, lors du rachat de SFR par Numéricable en 2014, Patrick Drahi, à la tête d’Altice, maison-mère de Numéricable, s’est engagé à maintenir les emplois en l’état pendant 3 ans. La belle promesse aura fait son temps.

13 milliards d’économies depuis 2014

Patrick Drahi a de plus en plus de mal à cacher son impatience. Lors d’une rencontre avec des journalistes à New York en juin dernier, celui-ci avait évoqué le « sureffectif » au sein de SFR :

« On est quand même dans une situation en France où tous nos concurrents ont licencié à tour de bras et nous on a pris une garantie pour 3 ans, à un moment où on vend à 1 euro par mois des abonnements. Ça n’a ni queue ni tête. »

Il est vrai que le début d’année n’a d’ailleurs pas été facile pour SFR, qui a vu son nombre d’abonnés baisser, alors que le groupe est actuellement endetté à la hauteur 50 milliards d’euros. Les mesures d’économies prises par le patron d’Altice, qui atteignent les 13 milliards d’euros, inquiètent les syndicats qui dénoncent une dégradation des conditions de travail.

Déjà 1.200 démissions non remplacées

Chez SFR, on assure que la garantie de maintien des emplois sera respectée jusqu’à son terme. Mais près de 1.200 démissions, hors plan social, n’ont déjà pas été remplacées depuis l’arrivée de Patrick Drahi il y a deux ans, rappelle Le Monde. Une source syndicale a confié à l’AFP que les suppressions de postes pourraient « prendre la forme de plan de départs volontaires successifs », qui concerneraient en premier lieu, et dès septembre, les salariés des magasins du groupe. 

Des décisions qui ne passent pas chez les syndicats. Pour Xavier Courtillat, délégué central CFDT à SFR, interrogé sur Europe 1, « il n’est pas envisageable de réduire aussi drastiquement, aussi violemment, les effectifs d’une entreprise qui est quand même le deuxième opérateur télécoms en France. C’est absolument inenvisageable. »

Ironie (ou non) de l’histoire, Patrick Drahi affirmait, en juin dernier, que ses relations avec les organisations syndicales étaient « au beau fixe« . « Les gens ont horreur des chefs d’entreprise qui font de la politique, qui ne disent pas ce qu’ils vont faire, qui font semblant. Quand on parle à quelqu’un, si on lui dit les choses dès le début, ça se passe très bien. » Peut-être aurait-il dû suivre ses propres conseils.

 

 


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