L’un des assaillants d’une église de l’agglomération de Rouen, à Saint-Etienne-du-Rouvray, bénéficiait d’une mesure de liberté conditionnelle depuis mars. Devant la juge en charge de son suivi, il avait assuré avoir envie de « reprendre (s)a vie » et s’était défendu d’être « un extrémiste », rapporte « Le Monde » ce mercredi 27 juillet.
L’un des deux terroristes qui ont frappé une église de Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen, ce mardi 26 juillet, était bien connu de la justice et des services antiterroristes. Comme l’a révélé Marianne, Adel K., 19 ans, a agi alors qu’il était en liberté conditionnelle. Le jeune Franco-Algérien avait essayé à deux reprises de se rendre en Syrie. La première fois, en mars 2015, il est arrêté à Munich, mis en examen et placé sous contrôle judiciaire à Saint-Etienne-du-Rouvray, avec obligation de pointer chaque semaine au commissariat. En mai 2015, il viole son contrôle judiciaire et tente à nouveau de s’envoler pour le djihad. Deuxième échec, à la suite duquel il est mis en examen à nouveau mais cette fois incarcéré dans l’attente d’un éventuel procès. Mais en mars dernier, Adel K. bénéficie d’une mesure de liberté conditionnelle, sous la surveillance d’un bracelet électronique et un contrôle judiciaire qui ne l’autorise à quitter le domicile familial de Saint-Etienne-du-Rouvray qu’entre 8h30 et 12h30 en semaine, précisément la période pendant laquelle il a commis son attentat meurtrier.
Mais comment Adel K. a-t-il été bénéficié de cette liberté conditionnelle ? Le Monde révèle ce mercredi des pièces du dossier judiciaire. Alors qu’il est incarcéré depuis dix mois à Fleury-Mérogis, le jeune homme plaide sa cause devant la juge en charge de son suivi. « J’ai envie de reprendre ma vie, de revoir mes amis, de me marier », assure-t-il. Le projet qu’il affiche alors est de devenir aide médico-psychologique. « Je suis un musulman basé sur les valeurs de miséricorde, de bienveillance », explique-t-il encore. « Je ne suis pas extrémiste », ajoute-t-il, en précisant faire deux prières par jour.
La juge ordonne alors la libération conditionnelle d’Adel K. et son placement sous contrôle judiciaire, avec bracelet électronique. Dans son ordonnance, la magistrate estime qu’il aurait « pris conscience de ses erreurs » et qu’il serait « déterminé à entamer des démarches d’insertion ». Elle évoque aussi les « idées suicidaires » qu’aurait eues Adel K. pendant son incarcération.
Le parquet fait cependant appel de cette ordonnance, qu’il juge « peu convaincante ». Pour le ministère public, les contraintes prévues par le contrôle judiciaire « s’avèrent parfaitement illusoires au vu du contexte du dossier » et « il existe un risque très important de renouvellement des faits en cas de remise en liberté ». Autrement dit, Adel K. pourrait tenter une troisième fois de partir faire le djihad en Syrie. Mais la chambre de l’instruction passe outre et décide de remettre le jeune homme en liberté surveillée.
Le Monde révèle également certains détails de l’enquête de personnalité réalisée sur Adel K. entre octobre 2015 et février 2016, alors qu’il est incarcéré. Il y est décrit comme « hyperactif » durant son enfance, ce qui lui avait valu un « traitement médicamenteux ». Exclu de son collège en classe de cinquième en raison de « troubles du comportement », il est hospitalisé à Rouen puis à Saint-Etienne-du-Rouvray. Une de ses professeurs au collège fait état de « violences physiques et verbales envers ses camarades » ainsi que d’un « comportement physique provocateur ». Adel K. quitte l’école à 16 ans et fait la connaissance, début 2015, d’Adel B., 26 ans, devant une mosquée de Saint-Etienne-du-Rouvray. C’est sous l’influence de cet individu, parti en Syrie depuis, qu’il se radicalise rapidement. « J’ai fini par avoir le même mode de pensée que lui, il s’est collé sur moi », racontera-t-il devant le juge. « Il m’a retourné le cerveau, enfin, on s’est retourné le cerveau ensemble. »
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