Marion Maréchal-Le Pen s’engage dans la réserve ? Du déjà vu dans la famille

Quelques heures après la découverte de l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, Marion Maréchal-Le Pen a annoncé son intention de rejoindre la réserve militaire. Une démarche qui n’est pas sans rappeler celle d’un certain Jean-Marie Le Pen lors de la guerre d’Algérie…

Il y a des gens qui s’engagent et le font savoir. Marion Maréchal-Le Pen a choisi Twitter pour annoncer ce 26 juillet, jour d’attentat dans une église près de Rouen, son engagement au service de l’Armée : « Face à la menace qui pèse sur la France, j’ai décidé de rejoindre la réserve militaire. J’invite tous les jeunes patriotes à faire de même… «  On a connu plus discret comme engagement… Mais la députée du Vaucluse, jointe par Marianne, proteste de la pureté patriotique de ses intentions :

 » Je suis comme beaucoup de Français. Je suis lassée des mots, j’ai envie d’agir, et de lancer un acte citoyen et patriotique a du sens au regard des événements. L’armée est en mauvais état. Les besoins sont de plus en plus importants. Dans ces conditions, je trouvais important de rejoindre la réserve. »

La sujétion aux nécessités du service ne lui semble pas incompatibles avec son mandat politique : « C’est très variable, selon l’engagement de chacun. Il faut faire un minimum de jours dans l’année. Et en fonction de vos disponibilités, du temps que vous pouvez faire, vous vous adaptez. » Et d’insister : « C’est un acte citoyen, une démarche personnelle, je veux surtout traduire mon engagement patriotique en actes. Cette armée est fragilisée, elle manque d’effectifs. Mais ce n’est pas absurde d’essayer de montrer l’exemple. « 

La députée étant majeure et vaccinée, elle assure : « Je n’ai pas eu l’occasion d’en parler à Marine », et à son grand-père Jean-Marie « non plus ».

Et quand on lui reproche ce qui pourrait ressembler à de la récupération, lorsque le pays est sous le choc de deux attentats, à Nice et à Saint-Etienne-du-Rouvray, elle répond : « Le gouvernement fait lui-même un appel à la réserve. Je ne vois pas qui pourrait s’y opposer légitimement. Je ne vois pas en quoi vouloir servir son pays, donner sur son temps pour les intérêt des Français, ce serait faire de la récupération. C’est juste la traduction qu’aujourd’hui les Français ont envie d’autre chose que de paroles, ils ont envie d’actes concrets. C’est une bonne chose que les Français s’engagent dans la défense du pays. »

Avant elle, Jean-Marie Le Pen

La réponse est habile, mais si la jeune député du Vaucluse n’a pas consulté son grand-père, elle a certainement très fort pensé à lui, car Jean-Marie Le Pen s’était illustré un peu de la même manière pendant la guerre d’Algérie. En 1956, le plus jeune député de l’Assemblée nationale, officier de réserve, avait rempilé pour six mois au sein du 1er Régiment étranger de parachutistes, en 1956. Il se trouve alors en pleine bataille d’Alger lors de laquelle les paras du général Massu ont reçu les pleins pouvoirs pour rétablir l’ordre. C’est de cet épisode que datent les accusations de tortures contre le sous-lieutenant chargé du renseignement. En 1962, le journal Combat rapporte les propos de Le Pen : « Nous avons torturé parce qu’il le fallait ». L’intéressé avait ensuite nuancé : « Les méthodes de contrainte utilisées pour démanteler les réseaux terroristes FLN(…) n’ont, dans les unités que j’ai personnellement connues, jamais pu être assimilées à des tortures ». Comme tous les faits commis en Algérie sont couverts par l’amnistie, la justice n’a jamais eu à trancher, mais l’épisode militaire a concouru à tailler la légende Le Pen à l’extrême droite.

Evidemment, la jeune conscrite Marion ne devrait pas, au terme des quinze jours réglementaires de formation de la réserve opérationnelle des armées, avoir à faire face à une situation comparable.  Et heureusement ! 

En outre la député Front national Marion Maréchal-Le Pen ne sera pas une exception : d’autres élus de la République sont aussi réservistes, souvent après avoir été eux-mêmes officiers dans une vie antérieure. A titre d’exemple, le sénateur du Haut-Rhin Jean-Marie Bockel est colonel de réserve de l’armée de Terre (affecté à la Brigade Franco-Allemande) et membre de la Réserve Citoyenne Cyberdéfense. Sans oublier, bien sûr les exemples d’élus de la Nation morts au combat pendant les deux conflits mondiaux… dont le célèbre député et colonel Driant qui, à 61 ans, est tombé à la tête de son bataillon de chasseurs au bois des Caures, et défendant Verdun. C’était en 1916. 

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