Terrorisme : Sarkozy réduit l'Etat de droit à des "arguties juridiques"

Dans sa réaction à l’attentat contre une église dans l’agglomération de Rouen, mardi, l’ancien chef de l’Etat cible le gouvernement en fustigeant « les précautions » et « les prétextes à une action incomplète ». Des propos qui font écho à plusieurs élus LR qui n’ont pas hésité à remettre en cause l’Etat de droit après l’attentat de Nice.

Une déclaration de moins de trois minutes. Nicolas Sarkozy ne s’est pas étendu en réagissant à l’attaque d’une église de Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen, mardi 26 juillet. Les deux assaillants ont égorgé un prêtre qui célébrait une messe et grièvement blessé un fidèle, avant d’être abattus par les forces de l’ordre. Pour l’ancien chef de l’Etat, qui fait part de sa « profonde tristesse », « c’est aussi l’âme de la France qui est touchée ». « Cette situation doit nous conduire à la plus grande lucidité et à enfin comprendre que nous devons changer profondément la dimension, la mesure, la stratégie de notre riposte », affirme-t-il. Et le patron du parti Les Républicains (LR) de poursuivre :

« Nous devons être impitoyables. Les arguties juridiques, les précautions, les prétextes à une action incomplète ne sont pas admissibles. Je demande au gouvernement de mettre en œuvre toutes les propositions que nous avons présentées depuis des mois. Nous ne pouvons plus perdre de temps. »

Parmi les propositions formulées par LR au lendemain de l’attaque de Nice figurent notamment l’expulsion de « tout étranger ayant des connexions, directes ou indirectes, avec un groupe terroriste », mais surtout la possibilité d’enfermer, d’assigner à résidence ou d’imposer un bracelet électronique à « tout ressortissant français dans la même situation ». Une mesure rejetée par le gouvernement au motif qu’elles ne respecte pas l’Etat de droit et les libertés fondamentales.

« Une législation d’exception »

Lorsqu’il fustige des « arguties juridiques », Nicolas Sarkozy fait sans aucun doute référence au débat qui a opposé la droite à la gauche sur les mesures à prendre après l’attentat du 14 juillet à Nice. Lors de la discussion à l’Assemblée nationale sur la prorogation de l’état d’urgence, la semaine dernière, plusieurs députés LR n’avaient pas hésité à remettre en cause l’Etat de droit. « Vous invoquez les libertés personnelles des terroristes. Nous disons : il n’y a pas de liberté pour les ennemis de la République », avait ainsi lancé Laurent Wauquiez, appelant le gouvernement à « changer le droit ». Le président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes plaide pour placer en centre de rétention des fichés S suspectés de liens avec le djihadisme – une mesure à laquelle s’oppose l’ancien Premier ministre François Fillon. Le patron des députés LR, Christian Jacob, avait estimé à la tribune de l’Hémicycle qu’« à circonstance exceptionnelle, après plusieurs centaines de victimes, une législation d’exception s’impose ». Au micro de France Inter le 20 juillet, David Douillet, élu des Yvelines, avait pour sa part reproché à la gauche d’être « figée dans une posture en se réfugiant systématiquement derrière cette sacro-sainte Constitution ».

En intervenant depuis l’Elysée à 20h ce 26 juillet, François Hollande a répondu indirectement à ces propositions de l’opposition en disant refuser de « restreindre nos libertés, déroger à nos règles constitutionnelles« , ce qui, selon lui, « n’apporterait pas d’efficacité dans la lutte contre le terrorisme«  et remettrait en cause « la cohésion de notre nation« . Il n’a annoncé aucune mesure nouvelle mais a assuré de la mobilisation de l’Etat, expliquant que « les moyens humains et matériels » et « le niveau de présence policière » avaient déjà atteint un niveau jamais égalé « sous la Ve République« . Il a également rappelé que l’état d’urgence avait été prolongé et « renforcé« . En écho, depuis le journal télévisé de TF1, Manuel Valls a également déclaré qu’on n’allait pas « inventer une nouvelle loi à chaque attentat« .

 

 

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