Les réactions scandalisées se multiplient dans le monde du sport après que le CIO a décidé de ne pas exclure la délégation russe des Jeux olympiques de Rio, alors qu’un rapport révélait le 18 juillet dernier l’existence d’un « système d’Etat de dopage » en Russie depuis les JO de Sotchi en 2014. Paradoxalement, la lanceuse d’alerte à l’origine de ces révélations a en revanche été exclue par la commission.
« Incompréhensible« , « décevant« , un « triste jour« . Plusieurs agences antidopages fustigent la décision du Comité olympique International (CIO) de ne pas exclure la délégation russe des Jeux olympiques de Rio. Appelé à statuer ce dimanche 24 juillet sur la participation de la Russie après les révélations du rapport MacLaren sur le « système d’Etat de dopage » russe, le CIO a décidé… de ne pas trancher.
Les quinze membres du CIO ont en effet choisi de laisser aux différentes fédérations internationales le soin de juger au cas par cas de l’éligibilité des athlètes russes pour les JO, qui s’ouvrent le 5 août prochain à Rio de Janeiro, au Brésil. Un rapport indépendant conduit par le juriste canadien Richard MacLaren, rendu le 18 juillet dernier, avait pourtant mis en lumière le dopage systématique des sportifs mis en place par le inistère des Sports russe et le FSB (services secrets) depuis les Jeux olympiques de Sotchi en 2014. Le CIO s’est contenté de définir les conditions auxquelles les sportifs russes devront se soumettre pour être alignés. Ces derniers devront ainsi avoir validé des contrôles « fiables effectués au niveau international« , c’est à dire conduits par une autre institution que l’agence antidopage russe. La fédération internationale d’athlétisme (IAAF) a par exemple d’ores et déjà exclu les 68 athlètes présentés par le comité olympique russe (COR).
« Cela ne plaira sans doute pas à tout le monde« , est convenu le président du CIO, Thomas Bach, anticipant ainsi les réactions scandalisées qui n’ont pas manqué de se multiplier, et alors que sa relation personelle avec Vladimir Poutine est montrée du doigt. L’Agence mondiale anti-dopage (AMA) s’est déclarée « déçue que le CIO n’ait pas pris en compte » sa recommandation d’exclure la Russie, en dépit des révélations sans équivoque du rapport MacLaren. Le CIO a en effet considéré que le rapport en question « ne tirait aucune conclusion à l’encontre du COR en tant qu’institution« , s’appuyant sur une distinction pour le moins tirée par les cheveux entre le comité olympique russe et le système de dopage institutionnalisé en place en Russie depuis 2014.
« Le CIO a refusé de jouer un rôle de leader déterminant »Travis Tygart, directeur exécutif de l’Usada, l’influente agence américaine anti-dopage, a quant à lui déploré qu’avec cette décision, le CIO « a refusé de jouer un rôle de leader déterminant« . Les membres du comité se sont en effet réfugié derrière l’argument d’une « justice individuelle« , pour éviter toute « sanction collective« alors qu’ils auraient parfaitement pu, à l’inverse, exclure la Russie tout en mettant en place un système de repêchage pour les athlètes « propres« , qui auraient ainsi pu concourir sous drapeau « neutre« .
La Russie, par l’intermédiaire de son ministre des Sports Vitali Moutko, s’est sans surprise déclarée « reconnaissante« et reste prudente, dans l’attente des décisions des différentes fédérations. Tout en dénonçant une « campagne politique antirusse« , le pays avait montré des signes de bonne volonté après la publication du rapport MacLaren, en suspendant notamment les responsables mis en cause le temps de l’enquête.
« Cela ne va pas inciter les lanceurs d’alerte à se manifester »
La décision du CIO renferme également une autre aberration. En effet, tout « athlète qui aura déjà été sanctionné pour dopage, même s’il a purgé la sanction« , ne sera pas autorisé à s’inscrire. Comme le souligne le Britannique Greg Rutherford, champion olympique de saut en longueur, « introduire une telle interdiction pour les Russes à la dernière minute, tout en autorisant des athlètes d’autres pays au même pedigree » pose un problème d’équité entre nations. Et la première victime de cette mesure n’est autre que Ioulia Stepanova, la spécialiste russe du 800m à l’origine des révélations sur le système de dopage d’Etat en Russie, dont la présence aux JO aurait constitué un véritable affront pour Moscou. Une sanction « incompréhensible » pour l’Uasada, car elle « ne va pas inciter à l’avenir les lanceurs d’alerte à se manifester« …
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