Chaque 23 juillet, date anniversaire de la mort du maréchal, chef du régime collaborationniste de Vichy, une cinquantaine de ses admirateurs se pressent toujours autour de sa tombe, sur l’île vendéenne. Un mort bien encombrant pour la municipalité.
Quand on entre dans le cimetière de Port-Joinville, elle n’est indiquée nulle part. Il faut parcourir les stèles avant de l’apercevoir, à l’ombre de quelques sapins. Une tombe blanche un peu plus grande que les autres, avec cette simple inscription : « Philippe Pétain, maréchal de France ». C’est ici, sur l’île d’Yeu, en Vendée, que repose l’homme de Verdun et de Vichy. Et c’est logiquement dans ce cimetière que viennent s’incliner les derniers partisans du maréchal chaque 23 juillet, date anniversaire de sa mort, en 1951. L’été dernier, ils étaient ainsi une cinquantaine à rendre hommage à leur héros, à grand renfort d’uniformes et de drapeaux.
Le rituel des derniers des pétainistes est rodé. Rendez-vous à l’hôtel des Voyageurs, où logeait « la maréchale » pendant la captivité de son mari. Départ en procession vers la maison aux volets bleus où mourut Pétain, comme le rappelle une sobre plaque fixée au mur. Puis dépôt de gerbe sur la tombe, avant la visite du fort où leur idole fut emprisonnée. Le programme comporte aussi une messe à la mémoire du maréchal à l’église Notre-Dame-du-Port, non sans certains froncements de sourcils locaux. Au presbytère, le père Dominique Rézeau, curé de l’île depuis deux ans, assume mais dédramatise : « On dit toujours une messe à l’intention du maréchal Pétain, mais de la même manière qu’on le fait pour les autres morts. »
Claude, dont le jardin donne sur la route conduisant à la citadelle, voit passer chaque année le cortège. « Ils sont de moins en moins. C’est quand même une autre génération, celle qui a connu cette époque-là », constate-t-elle, sécateur à la main. Même si les ex-Jeunesses nationalistes, un groupuscule officiellement dissous en 2013 mais toujours vivace sous l’égide du site Internet Jeune Nation, se chargent de faire descendre un peu la moyenne d’âge. S’ils tiennent à se rendre à l’île d’Yeu, « c’est pour dénoncer une injustice : la condamnation d’un grand Français », affirme leur leader Yvan Benedetti, sympathique personnage exclu du FN en 2011 pour s’être revendiqué « antisioniste, antisémite, antijuif ».
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>>> Ce reportage est à retrouver en intégralité dans le numéro de Marianne en kiosques. Il est le 2e de notre série sur les sanctuaires politiques, à suivre tout l’été dans notre magazine.
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