Une semaine après l’attentat de Nice, la question de la tenue des festivals d’été se pose partout en France, alors que l’état d’urgence et la possibilité d’interdire les rassemblements publics ont été prolongés pour six mois.
Faut-il annuler les événements festifs de cet été ? La question se pose à beaucoup d’organisateurs et de préfectures, une semaine après l’attentat qui a tué 84 personnes en marge des festivités du 14-Juillet à Nice, et alors que l’état d’urgence vient d’être à nouveau prolongé pour 6 mois. Dans la foulée de l’attaque de Nice, toutes les événements festifs prévus le week-end dans la ville, dont le concert de Rihanna et le Nice Jazz festival, avaient été annulés. Ailleurs en France, d’autres festivals avaient au contraire choisi de maintenir leur programmation avec un dispositif de sécurité renforcé, comme celui d’Avignon ou celui des Vieilles Charrues.
La prolongation de l’état d’urgence, et la possibilité qu’il offre aux préfets d’interdire des rassemblements publics, repose néanmoins la question du maintien des fêtes et festivals cet été. Alors que la droite n’a pas attendu les premières conclusions de l’enquête sur l’attentat du 14-Juillet pour pointer les failles dans le dispositif de sécurité, reprochant au gouvernement de « ne pas avoir mis tout en œuvre » pour assurer la sécurité des Niçois, les préfets peuvent-ils prendre le risque de se passer de cette disposition ?
« La France doit demeurer la France« Oui, répond le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve car malgré la menace, argue-t-il, « la France doit demeurer la France« . « C’est pour cela que nous avons maintenu l’Euro de football et la COP21« , a-t-il déclaré au Monde dans un entretien paru ce mercredi 20 juillet, avant de souligner la « coopération entre l’Etat, les organisateurs et les collectivités locales pour prendre toutes les précautions » lors des deux événements. « Nous devons en faire de même pour les grands rendez-vous tout au long de la saison estivale« , a-t-il ensuite ajouté.
A Paris, la 15ème édition de Paris Plage s’est donc ouverte comme prévu ce mercredi, avec un dispositif de sécurité renforcé qui comprendra notamment la « neutralisation de certaines rampes d’accès aux voies sur berge à partir d’obstacles physiques« , comme le détaille la préfecture de police de Paris dans un communiqué. « Certains accès maintenus pour permettre la libre circulation des moyens de secours et de police, feront l’objet d’aménagements physiques et d’une présence d’agents de sécurité privés« , poursuit le communiqué. La maire de Paris Anne Hidalgo se félicite de cet « acte de résistance » et souligne la nécessité « d’envoyer le signal d’une vie qui continue résolument à se faire, avec cette envie d’être ensemble, de sourire, d’être debout« .
La tenue des événements festifs fait toutefois l’objet d’un « examen attentif » au cas par cas par la préfecture de Paris, qui n’a pas hésité à en interdire plusieurs, comme les festivals de cinéma en plein air, dont celui de la Villette, ou la piétonisation des Champs Elysées le 7 août, au motif qu’ils ne présentaient pas « de garanties satisfaisantes de sécurité« .
Le maintien, c’est aussi le choix qui a été fait à Bayonne où les fêtes traditionnelles devraient être maintenues du 27 au 31 juillet, là encore sous haute surveillance. Pour Jean René Etchegaray, maire UDI de la ville, il n’était pas question d’annuler le 5ème plus gros rassemblement populaire du monde, qui attire chaque années un million de personnes, même si la question s’est légitimement posée. « Ce qui s’est passé à Nice nous réinterroge, reconnaît-il dans un entretien au Monde, mais les fêtes sont un exutoire, elles ont une fonction sociale dont on ne peut pas se passer« . Même son de cloche du coté de la préfecture, où le préfet Pierre-André Durand « n’envisage pas, en l’état actuel (…), de supprimer les fêtes de Bayonne« , tout en assurant avoir décidé de « renforcer la sécurisation de cet événement« .
« L’heure est à la sécurité, pas à la fête« Maintenir les événements en renforçant la sécurité, une option qui pose toutefois problème pour les forces de l’ordre, que l’on sait épuisées après plus de 8 mois d’état d’urgence, entre les manifestations contre la loi Travail et la sécurisation de l’Euro de football. Le syndicat de police UNSA demande ainsi, dans un communiqué publié ce jeudi 21 juillet, « l’annulation de la plupart des évènements festifs, chronophages, énergivores pour la police en raison du risque terroriste qui y est lié. » « L’heure est à la sécurité, malheureusement pas à la fête« , estime le syndicat, qui souligne également par la voix de son secrétaire générale que « les policiers, épuisés après des mois ininterrompus de travail, ne peuvent se concentrer sur la menace terroriste que si le pays tout entier va dans ce sens« .
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