Dans « Le Parisien » de ce vendredi 22 juillet, Christian Estrosi accuse le gouvernement de vouloir détruire des preuves relatives à l’attentat de Nice, et remet en question l’indépendance de l’enquête.
Christian Estrosi serait-il en train de verser dans le complotisme ? Après avoir multiplié les sorties médiatiques cette semaine pour pointer la responsabilité de l’Etat dans l’attentat de Nice le 14 juillet, l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy va plus loin ce vendredi 22 juillet, accusant carrément le gouvernement de chercher à effacer des preuves.
De quoi s’agit-il ? Ce mercredi 20 juillet, la Sous-direction anti-terroriste (SDAT) a demandé aux autorités municipales niçoises de détruire les enregistrements des caméras de vidéosurveillance qui ont filmé l’attentat. Après avoir refusé d’effacer les images en question, la municipalité niçoise a demandé au Procureur de les mettre sous séquestre. « L’Etat veut effacer toutes les traces« , réagit ce vendredi 22 juillet le président Les Républicains (LR) de la région Paca dans Le Parisien. Il faut dire qu’au lendemain des révélations de Libération au sujet des « failles » dans le dispositif de sécurité sur la promenade des Anglais le soir du 14 juillet, l’occasion devait être trop belle pour l’ancien maire de Nice. Alors que le quotidien titrait sur les supposés « mensonges » du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, l’édile niçois va plus loin, agitant la théorie du complot.
Des allégations qui, n’en déplaise à Christian Estrosi, paraissent pourtant sans fondement. En premier lieu, car rien ne prouve à ce stade que les images en question vont révéler une quelconque responsabilité de l’Etat. Ensuite, et surtout, car ces enregistrements ne vont pas disparaître puisque la Police judiciaire a indiqué au Figaro avoir récupéré « 100% des vidéos » présentant « des éléments d’enquête intéressants« . Quant à la suppression demandée aux autorités de Nice, « cela a été fait dans ce cas précis pour éviter la diffusion non contrôlée et non maîtrisée de ces images », s’est justifié le parquet de Paris, en expliquant vouloir « éviter l’utilisation malveillante de ces dernières (images, ndlr) par souci de la dignité des victimes et pour éviter la reprise de ces images par les sites internet djihadistes à des fins de propagande« . En clair, la police a mis de côté les preuves, et veut éviter les fuites.
Une justification insuffisante pour Christian Estrosi, qui est allé jusqu’à remettre en question l’indépendance de l’enquête menée par le procureur de Paris, François Molins. « Je rappelle que le Parquet agit sous l’autorité du garde des Sceaux« , a ainsi déclaré l’ancien ministre… Oubliant un peu rapidement que même lorsqu’il était au gouvernement entre 2005 et 2010, sa propre famille politique s’était parfaitement accommodée de cette situation. Pis, il néglige que ce sont là encore les sénateurs de son parti qui, en avril dernier, ont obligé le gouvernement à enterrer son projet de réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature, qui visait notamment à couper le cordon ombilical entre les procureurs et le garde des Sceaux.
Avec cette remise en cause de l’institution même chargée de l’enquête sur Nice, l’ancien ministre se met au diapason du discours habituellement porté par l’extrême droite. On trouve ainsi les mêmes éléments de langage que ceux utilisés par l’édile niçois dans la réaction de Gilbert Collard (Rassemblement Bleu Marine), qui accuse le gouvernement de « supprimer les preuves » sur Twitter, ou dans celle de Robert Ménard (RBM lui aussi), qui écrit après l’annonce de la demande de suppression des images : « On ne pouvait pas mieux faire pour alimenter la théorie du complot« .
Attentat de Nice : la « justice » demande à la mairie de détruire 24 h d’images : ils veulent supprimer les preuves, ignoble !
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) 21 juillet 2016
#Nice : pour ceux qui dénoncent en permanence la théorie du #complot, on ne peut pas mieux faire pour l’alimenter ! https://t.co/YrEIj4lGkh
— Robert Ménard (@RobertMenardFR) 21 juillet 2016
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