Une semaine après l’attaque au camion qui a coûté la vie à 84 personnes sur la promenade des Anglais lors des célébrations niçoises du 14-Juillet, les motivations du tueur et l’identité d’éventuels complices s’éclaircissent.
Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, le tueur au camion de Nice, « semble avoir envisagé et mûri son projet criminel plusieurs mois avant son passage à l’acte » et a pu bénéficier « de complicités ». Ces derniers éléments, communiqués ce jeudi 21 juillet par le procureur de Paris François Molins, donnent un peu plus de corps à l’enquête ouverte au lendemain de l’attaque qui a coûté la vie à 84 personnes et en a blessé plus de 300 lors des célébrations du 14-Juillet à Nice.
Le tueur de Nice, Tunisien de 31 ans arrivé en France en 2005, a été décrit par des témoins comme un homme instable et violent. Il a d’ailleurs été condamné pour avoir violenté son épouse. Le procureur de Paris François Molins a précisé lundi qu’il vivait loin des canons de l’islam radical, « mangeant du porc, buvant de l’alcool, consommant de la drogue et ayant une vie sexuelle débridée ».
François Molins a indiqué que Mohamed Bouhlel présentait un « intérêt certain » mais « récent » pour la mouvance islamiste radicale. Une personne mise en examen ce jeudi a confié que le tueur s’était laissé pousser la barbe huit jours avant son passage à l’acte, et qu’il lui avait expliqué ne pas comprendre pourquoi Daech « ne pouvait prétendre à un territoire. » Des photographies de combattants arborant le drapeau de Daech ont aussi été retrouvées dans son ordinateur.
Si l’organisation djihadiste a revendiqué la tuerie de Nice, rien n’indique pour l’heure qu’elle l’ait commanditée. L’enquête ne démontre pas non plus pour l’instant que le tueur soit entré en contact avec Daech.
« Des avancées notables » de l’enquête ont permis de « confirmer le caractère prémédité du passage à l’acte » du tueur, a affirmé François Molins ce jeudi. Le chauffeur-livreur tunisien avait en effet effectué des repérages sur la promenade des Anglais les deux jours précédant l’attaque, avec le camion qu’il avait auparavant loué.
Des clichés de la Promenade en 2015Au-delà des jours qui ont précédé l’attentat, le tueur « semble avoir envisagé et mûri son projet criminel plusieurs mois avant son passage à l’acte », a relevé le procureur. Les enquêteurs ont par exemple trouvé dans son portable des clichés pris un an auparavant du feu d’artifice à Nice avec, a précisé le magistrat, « focus sur la foule ». Il avait aussi photographié au début de l’année un article de Nice-Matin intitulé : « Il fonce volontairement sur la terrasse d’un restaurant ». L’intérêt de Mohamed Bouhlel pour les faits divers similaires à son attaque s’est accompagné de recherches sur le Captagon, la drogue des terroristes.
Les « avancées notables » des investigations qu’a évoquées François Molins ce jeudi tendent également à « établir que (le tueur) avait pu bénéficier de soutiens et de complicités dans la préparation et la commission de son acte criminel. » Peu après la conférence de presse du procureur de Paris, la parquet de Paris a annoncé que cinq suspects, en contact avec Mohamed Bouhlel avant l’attaque de Nice, ont été mis en examen par des juges antiterroristes et placés en détention provisoire.
Parmi les quatre hommes et la seule femme mis en examen, Ramzi A., un Franco-Tunisien âgé de 21 ans, a reçu deux SMS envoyés par le tueur quelques minutes avant le drame. Dans l’un des messages, Mohamed Bouhlel le félicite pour le « pistolet » qu’il lui a fourni la veille et évoque la commande de « cinq » nouvelles armes, destinée cette fois-ci à une autre personne « et ses amis ». Une kalachnikov et des munitions ont été retrouvées dans la cave d’un proche de Ramzi A., qui a désigné le fournisseur du pistolet comme étant un Albanais de 38 ans. Ce dernier, Artan H., a été interpellé dimanche avec sa compagne. Ils ont également été placés en détention provisoire.
« Les soldats d’Allah pour finir le travail »Autre suspect mis en examen, le Tunisien Chokri C., 37 ans, est soupçonné d’être l’un des destinataires des cinq armes évoquées par le tueur dans le SMS. Il a également été identifié sur les images de vidéosurveillance au côté de Mohamed Bouhlel en train d’effectuer un repérage sur la promenade des Anglais le 12 juillet dans le camion meurtrier, où ses empreintes ont également été relevées. Il a en outre adressé le 4 avril un message Facebook intriguant au tueur : « Charge le camion, mets dedans 2.000 tonnes de fer (…), coupe-lui les freins mon ami et moi je regarde ».
Egalement mis en examen et détenu de manière préventive, Mohamed Oualid G., 40 ans, a échangé pas moins de 1.278 appels avec le tueur depuis juillet 2015. Dans son téléphone portable, les enquêteurs ont retrouvé des images du 15 juillet de la promenade des Anglais, alors encore investie par les secours. Des clichés de Mohamed Oualid G. dans l’habitacle du camion les 11 et 13 juillet ont été retrouvées dans le portable du chauffeur. Il a aussi envoyé le 10 janvier 2015 un SMS à Mohamed Bouhlel : « Je ne suis pas Charlie… Je suis content, ils ont ramené les soldats d’Allah pour finir le travail ».
Une semaine après, le bilan de l’attentat du 14 juillet s’établit à 84 morts – 10 enfants ou adolescents – et 331 blessés. Le procureur de Paris François Molins a précisé ce jeudi que le pronostic vital de 15 personnes était encore engagé.
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