"Le Loup de Wall Street": le film sur un trader escroc a été financé… par de l'argent détourné

Le ministère de la justice américain a déclaré ce mercredi 20 juillet que le film de Martin Scorsese « Le Loup de Wall Street », dont le personnage principal est interprété par Leonardo DiCaprio, avait été financé avec de l’argent malaisien détourné d’un fonds souverain.

Dans « Le Loup de Wall Street », l’arnaque ne s’est pas cantonnée au scénario. Sorti en 2013, le film qui racontait l’ascension à Wall Street d’un trader escroquant ses clients, a été financé par 100 millions de dollars illégalement siphonnés sur un fonds souverain malaisien. Le pot aux roses a été découvert au cour d’une enquête ayant précédé l’offensive judiciaire lancée ce mercredi 20 juillet par le ministère américain de la Justice et qui vise, plus largement, une vaste affaire de blanchiment de centaines de millions de dollars. Cet argent a été détourné du fonds « 1 Malaysia Development Berhad » (1MDB), créé en 2009 et présidé par le Premier ministre malaisien Najib Razak. Selon la plainte du gouvernement américain, des proches du pouvoir malaisien ont siphonné 3 milliards de dollars grâce à un réseau de sociétés-écran, pour leur bénéfice personnel.

Parmi les biens mal acquis par cette jet set, des villas de luxe à Beverly Hills ou à New york, des toiles de Van Gogh ou Monet et un jet privé Bombardier. Mais les proche du gouvernement malaisien ont également pensé à placer leur argent intelligemment. Ainsi Riza Aziz, le beau-fils du Premier ministre malaisien, aurait perçu illicitement 238 millions de dollars provenant du fonds 1MDB, déposés ensuite sur un compte suisse ouvert au nom d’une société immatriculée dans les Iles Vierges britanniques avant d’être investis dans la fondation du studio de cinéma Red Granite. Ce même studio qui a produit « Le Loup de Wall Street » en 2013, long-métrage au succès planétaire qui a couté 100 millions de dollars et en a rapporté 392.

Les futurs revenus du film seront saisis

 « Bien sûr, la population malaisienne n’a pas perçu un centime des bénéfices réalisés par ce film. (…) Cet argent est allé dans les poches des parents et associés des responsables corrompus de 1MDB« , a souligné ce mercredi la ministre adjointe de la Justice américaine, Leslie Caldwell, avant d’annoncer la saisie des futurs revenus issus de l’exploitation de ce film. Contacté par l’AFP, le studio Red Granite a pour sa part nié que les fonds utilisé pour la production du film aient « quoi que ce soit d’illégitime« . L’ironie est totale pour Leonardo DiCaprio qui, après avoir reçu un Golden Globe en 2014 pour ce rôle, avait remercié Red Granite d’avoir financièrement pris « des risques sur ce film ».

En Suisse, l’autorité de tutelle du secteur bancaire, la FINMA, avait ordonné dès le mois de mai la liquidation de la BSI tessinoise, banque au cœur de l’affaire du 1MDB. Ce scandale a fini par atteindre le Premier ministre malaisien, accusé par le Wall Street Journal d’avoir perçu un milliard de dollars de financements issus du au fonds malaisien. Najib Razak n’est cependant pas nommé dans la plainte américaine. Les enquêteurs cherchent notamment pour l’heure à savoir si Goldman Sachs, qui a aidé le fonds souverain à lever des fonds avant d’être poursuivie en 2010 pour avoir spéculé sur l’effondrement des subprimes, n’aurait pas « oublié » d’avertir les autorités de transactions suspectes.

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