Nouvelle vidéo de décapitation venue de Syrie. Sauf que cette fois, ce n’est pas un soldat de Daech qui tient le couteau mais un combattant d’un groupe de rebelle dit « modéré », selon la terminologie imposée par les Américains. Une exaction qui est loin d’être la première et qui interroge sur les alliances de la coalition anti-Daech.
Il n’a pas plus d’une douzaine d’année. L’oeil hagard, visiblement blessé, l’enfant est affaibli. Autour de lui, ses bourreaux rient et filment ses derniers instants. A l’arrière d’un 4×4, on l’allonge sur le ventre, les mains attachés dans le dos. Un homme, couteau dans une main, lui attrape les cheveux pour découvrir sa gorge puis le décapite.
Nouvelle vidéo d’exécution de Daech ? Pas cette fois. Selon Wassim Nasr, journaliste à France 24 spécialisé dans les mouvements djihadistes, la scène se déroule à Handrat, dans la province d’Alep, zone où les troupes d’Abou Bakr Al-Baghdadi, le calife autoproclamé de l’Etat islamique, sont absentes. Toujours selon Wassim Nasr, l’enfant appartiendrait à la Brigade Quds, une milice palestinienne soutenant le gouvernement de Bachar al-Assad. En Syrie, comme au Liban, existent des camps de réfugiés palestiniens dont les occupants, comme les Syriens, ont été emportés dans l’enfer de la guerre.
#Syrie le lieu est Handrat #Alep, la région en a pr des générations à venir…
— Wassim Nasr (@SimNasr) 19 juillet 2016
#Syrie il n’est clair qui est la faction responsable de cette décapitation // rapl l’#EI n’est pas présent sur zone
— Wassim Nasr (@SimNasr) 19 juillet 2016
Selon plusieurs médias anglo-saxons, les individus présents sur la vidéo se battraient pour le mouvement Nour al-Din al-Zenki. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG basée en Grande-Bretagne, a confirmé que la vidéo montrait bien des combattants de ce groupe de rebelles « modérés », selon la définition des Etats-Unis. Un mouvement que l’état-major américain a d’ailleurs soutenu activement, financièrement et logistiquement, la CIA lui ayant même fourni des missiles antichar TOW. D’après le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, « le jeune garçon n’a pas plus de 13 ans, il a été capturé mardi dans la région d’Handarat, mais les faits ont eu lieu dans une zone d’Alep tenue par les rebelles, le quartier Al-Machad pour être précis. »
De son côté, rapporte l’AFP, le groupe rebelle a publié un communiqué dans lequel il affirme que cette décapitation est « une erreur individuelle qui ne représente pas la politique générale du groupe » et que « les personnes qui ont commis cette infraction ont été arrêtées et remises » à une commission d’enquête.
Ce n’est pas la première fois qu’un groupe de rebelles dit « modéré » se livre à dex exactions. Début avril, le groupe Jaysh al-Islam avaient utilisé des armes chimiques dans des combats contre des Kurdes pour le contrôle de Sheik Maksoud, un quartier d’Alep. Le porte-parole du groupe syrien s’était là aussi fendu d’un communiqué de mea culpa, reconnaissant qu' »un des leaders de Jaysh al-Islam d’Alep a utilisé des armes qui ne sont pas autorisées dans ce genre de confrontations, ce qui est constitutif d’une violation des régles internes du groupe Jaysh al-Islam » et annonçant que ce commandant « a été déféré devant la justice militaire pour recevoir une punition appropriée ». Décidément beaucoup de maladresse du côté de ces rebelles « modérés »… Qui interrogent.
Faut-il continuer à suivre la méthode américaine dictée par la maxime « les ennemis de mes ennemis sont mes amis » ? Ce qui explique par exemple que depuis le début de l’intervention de la coalition anti-Daech, les Américains demandent à leur alliés de ne pas bombarder les zones tenues par le Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al Qaïda, tout aussi cruelle et violente que l’EI mais en guerre contre ces derniers.
Le Général Dominique Trinquand rappelait pourtant dans un récent entretien accordé Marianne qu’« il est essentiel de ne pas reproduire les erreurs du passé, comme ce que nous avons connu avec le soutien des américains aux Talibans pour contrer les soviétiques en Afghanistan (…) il y a des groupes qui, comme les Kurdes Syriens, sont des alliés fiables. Et puis, parmi les groupes qui participent à l’offensive contre Daech, il y a aussi des islamistes radicaux. Or, ces groupes bénéficient à la fois de la logistique de la coalition et, pour certains, de son armement. Il est très important de s’interroger dès maintenant sur ces alliances. »
Au risque que le remède ne soit tout aussi redoutable, voire pire, que le mal qu’il est censé combattre.
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