Nice : sur la promenade des Anglais, un autel à la haine contre le terroriste

A Nice, après l’attaque terroriste au camion du 14-Juillet, la tristesse a commencé à laisser place à la colère. A l’endroit où a été abattu l’assassin Mohamed Lahouaiej Bouhlel, un amas de détritus sert désormais sur la promenade des Anglais aux passants à déverser leur rage. Jamais un tel « autel » n’avait été érigé à proximité d’un lieu d’attentat. Signe d’une société qui se raidit ?

A Nice, après l’attentat au camion qui a coûté la vie à 84 personnes sur la célèbre promenade des Anglais le 14 juillet, la colère sourd sous les larmes. A l’endroit où a été abattu l’assassin, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, un amas de détritus est rapidement venu signifier, littéralement, qu’une ordure y avait elle aussi laissé sa peau. Un tas d’ordures qui ne cesse d’enfler : aux cailloux, mégots et mouchoirs sales décrits par Le Monde dès samedi, sont encore venus s’ajouter selon Nice Matin de nombreuses bouteilles de plastique ou emballages vides. Le symbole est fort : la place sert désormais d’exutoire aux Niçois.

« Un homme en polo noir crache sans même s’arrêter. Une femme, casque à la main, lance un coup de pied rageur dans le tas d’immondices. Ce ne sont pas les premiers », relate Nice Matin, non sans un certain « malaise ». « L’amour, tout ça, c’est bien, mais ce que tout le monde pense vraiment repose là », sur cette poubelle ardente, assume un badaud interrogé par Le Monde.

Si les attentats de janvier 2015 avaient déjà donné lieu à des tensions, notamment lors de la prise d’otage contre l’Hyper Cacher au cours duquel des riverains s’étaient, empoignés aux alentours de la superette, comme le racontait alors Marianne, jamais un tel « autel de la honte et de la haine », selon les termes de Nice Matin, n’avait été érigé à proximité du lieu d’un attentat.

Pour un Français sur deux, la France est en guerre

Signe des temps qui changent, comme le montre aussi un sondage Ifop paru dans Le Figaro ce lundi 18 juillet. En décembre dernier, les Français n’étaient que 37% à estimer que le pays était en guerre ; dorénavant, la moitié d’entre eux (50%) partage cette opinion. « C’est un enseignement majeur car les pires ressentiments, mis un peu de côté depuis la tragédie de Paris, remontent à la surface », observe Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’Ifop, pour le Huffington Post.

De là à aller jusqu’à la vindicte populaire, il n’y a qu’un pas que certains ont dangereusement franchi, s’en prenant à l’ancienne épouse du tueur, comme le rapporte Libération ce mardi 19 juillet. « Elle reçoit des pressions de la part de citoyens qui la considèrent comme coupable », explique le quotidien par la voix de l’avocat de l’ex-compagne de Lahouaiej Bouhlel. « Les gens étaient sous les fenêtres, poursuit-il, à cause des menaces physiques il a fallu appeler la police, qui est intervenue. Ma cliente a donc été mise à l’abri dans un endroit sûr… »

L’avertissement de Patrick Calvar, le patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), interrogé dans le cadre de commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015 et selon qui il apparaît nécessaire de « dégager des ressources » afin d’éviter toute possibilité « d’affrontements intercommunautaires », résonne plus que jamais…

Powered by WPeMatico

This Post Has 0 Comments

Leave A Reply