La responsabilité de l’Etat dans les attaques terroristes qu’a connues la France ces dernières années est de plus en plus pointée du doigt. L’Etat a ainsi été jugé en partie responsable de la mort de l’une des victimes de Mohamed Merah en 2012. Et une semaine après les révélations de la commission d’enquête sur les attaques de 2015, plusieurs victimes du 13 novembre ont annoncé vouloir à leur tour porter plainte.
« Une très grosse satisfaction ». Ce mardi 12 juillet au micro de RTL, Albert Chennouf-Meyer se montre soulagé : pour lui, la bataille est gagnée. Père de l’un des militaires assassinés par Mohamed Merah, qui avait tué sept personnes en 2012, il a obtenu la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat dans la mort de son fils. « Il faut combien de Bataclan, il faut combien de Toulouse et Montauban, il faut combien de Saint-Denis, il faut combien de Thalys pour qu’on comprenne que ces gens-là doivent être enfermés ?!, s’est exclamé Albert Chennouf-Meyer. L’Etat savait ce que Merah allait faire. »
Le tribunal administratif de Nîmes a en effet jugé à un tiers la part de responsabilité de l’Etat dans l’assassinat de son fils. Reconnaissant « la difficulté de la mission de prévention des actions terroristes et de surveillance des individus radicaux incombant aux services de renseignement », le tribunal a néanmoins clairement pointé du doigt l’Etat qui a « compromis les chances d’empêcher un attentat. »
La faute en question ? Avoir décidé de « supprimer toute mesure de surveillance » de Mohamed Merah en 2011, alors que ce dernier s’était rendu récemment en Afghanistan et au Pakistan et que son profil était « hautement suspect ». Il faisait en effet l’objet d’une fiche S depuis 2006, en raison « de ses fréquentations au sein du milieu de l’islamisme radical » et « de son appartenance à cette mouvance. »
Une décision judiciaire qui fait écho aux conclusions de la commission d’enquête sur la responsabilité de l’Etat dans les attentats de janvier, révélées mardi 5 juillet. Celle-ci avait conclu à une faille des services de renseignement français, alors que des individus impliqués dans les attentats, faisant l’objet d’une fiche S ou en prise avec la justice, avaient pu se déplacer librement.
Un collectif de victimes des attentats de novembre a d’ailleurs annoncé, ce mardi 12 juillet, quelques heures après le verdict du tribunal de Nîmes, vouloir porter plainte à son tour contre l’Etat français. Sur BFMTV, Samia Maktouf, l’avocate de 17 victimes des attaques du 13 novembre, a déclaré qu’elle ferait « tout pour obtenir la condamnation de l’Etat français pour ne pas avoir empêché le passage à l’acte de terroristes dont certains étaient sous contrôle judiciaire« . C’est le cas notamment de Samy Amimour, l’un des kamikazes du Bataclan, qui avait pu se rendre en Syrie en 2013 alors qu’il était mis en examen pour avoir tenté de rejoindre le Yémen en 2012. Il faut « rentrer dans la brêche ouverte » par la décision du tribunal de Nîmes, a revendiqué l’avocate.
De son côté, Albert Chennouf-Meyer a annoncé qu’il comptait désormais attaquer « les personnes nommément. Il y a des gens qui étaient responsables et qui n’ont pas fait leur travail. »
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