Les ministres des Finances de la zone euro, réunis ce mardi 12 juillet à Bruxelles, viennent de déclarer l’Espagne et le Portugal en situation de dérapage budgétaire. Ce qui ouvre la voie à une procédure de sanction particulièrement rude et totalement absurde.
C’est une première dans l’histoire de la monnaie unique. Les ministres des Finances de la zone euro, réunis ce mardi 12 juillet, ont déclaré l’Espagne et le Portugal en situation de dérapage budgétaire. Un acte lourd pour ces deux pays puisqu’il déclenche une procédure qui pourrait, à terme, leur valoir des sanctions particulièrement rudes, avec une amende pouvant aller jusqu’à 0,2% de leur PIB et une suspension d’une période de trois mois des versements de fonds structurels européens.
Jeudi dernier, la Commission européenne lançait les hostilités en déclarant les deux pays en déficit excessif, pointant les chiffres de 2015 : 5% pour le déficit public espagnol et 4,4% pour le portugais, au-delà donc du seuil des 3% fixé dans le pacte de stabilité. Une position qui ignore que ces deux pays, particulièrement touchés par la crise économique et financière de 2008, reviennent de loin. L’Espagne par exemple, malgré des politiques d’austérité mises en place par le Premier ministre conservateur Mariano Rajoy, subit toujours un chômage qui, au dernier trimestre 2015, atteignait 20,9% de la population active. Soit le deuxième plus élevé de l’Union européenne et des pays développés après la Grèce.
A partir de la réunion des ministres de l’Eurogroupe, les deux pays dans le viseur disposent de dix jours pour se justifier. Puis la Commission européenne doit pondre des propositions de sanctions. Des amendes qui seraient une aberration économique puisqu’elles alourdiraient justement les déficits pointés par les instances européennes. C’est d’ailleurs ce qu’a fait remarquer le ministre espagnol de l’Economie, Luis de Guindos, qui s’est dit « optimiste » à cause du « non-sens que supposerait une sanction à l’Espagne ». Notamment parce que Madrid a divisé par deux son déficit entre 2012 et 2015, au prix de coupes budgétaires sévères. De son côté, Mario Centeno, le ministre des Finances portugais, plaide pour une « interprétation intelligente » du pacte budgétaire.
« C’est un problème lorsque l’UE fait du déficit la valeur suprême »« Je suis effaré que dans un moment aussi particulier, avec le Brexit et la montée des mouvement europhobes, la seule réponse de l’Union européenne, au lieu de mettre en oeuvre plus de solidarité soit plus d’austérité », dénonce auprès de Marianne Yannick Jadot, député européenn EELV. Et de dénoncer ce « dogmatisme des 3%, alors même que depuis cinq ans, nous voyons bien que ces politiques d’austérité ne marchent pas. C’est un problème lorsque l’UE fait de la maîtrise des déficits la valeur suprême, élevée au-dessus de la démocratie et de la solidarité ».
Une annonce qui tombe bien mal. Après le Brexit, le pantouflage de José Manuel Barroso – l’ancien président de la Commission européenne ayant choisi de s’offrir une retraite dorée chez les banquiers de Goldman Sachs – et les récentes révélations sur les pratiques d’évasions fiscales dans l’Union européenne, « le sentiment de rejet à l’égard de l’idée même d’Europe ne risque pas de s’estomper », regrette encore Jadot. Une variable qui, lorsqu’on ne scrute que des tableaux comptables, ne saute pas aux yeux. Sauf lorsque les peuples européens sont appelés à s’exprimer dans les urnes. Mais à ce moment-là, il est déjà trop tard.
Powered by WPeMatico
This Post Has 0 Comments