Auditionné dans le cadre de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015, dont le rapport est rendu public ce mardi 12 juillet, le patron de la DGSI Patrick Calvar se montre inquiet. Pour lui, non seulement les terroristes islamistes pourraient à l’avenir changer de mode opératoire en France mais surtout, « une confrontation entre l’ultra droite et le monde musulman » lui paraît « inéluctable ».
Patrick Calvar, le patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), est du genre discret. Nommé en 2012, ce Breton de 60 ans a fait toute sa carrière dans les renseignements, « au contact direct des sources », décrit L’Obs qui esquissait les grandes lignes de son portrait en janvier 2015, après les premiers attentats de l’année. Jusque là, aucune photo de lui n’avait filtré. Il s’est pourtant illustré dans l’antiterrorisme dès 1995 pour avoir notamment dirigé les équipes aux prises avec les poseurs de bombes du métro Saint-Michel, à Paris.
Auditionné à huis clos le 24 mai dernier dans le cadre de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015 dont le rapport est rendu public ce mardi 12 juillet, Patrick Calvar maîtrise donc son sujet. Celui qui est volontiers vanté pour son « sang-froid absolu » se montre cette fois alarmiste. Pensant « que nous gagnerons contre le terrorisme », il s’inquiète néanmoins « d’une confrontation entre l’ultra droite et le monde musulman. » Pas « les islamistes », précise-t-il, mais « bien le monde musulman. »
Pour lui la France, où « un mouvement de fond entraîne la radicalisation de la société », mais aussi l’Europe, sont par conséquent « en grand danger ». « Ce qui m’inquiète quand je discute avec tous les confrères européens », explique-t-il en effet, c’est que « nous devrons, à un moment ou un autre, dégager des ressources pour nous occuper d’autres groupes extrémistes parce que la confrontation est inéluctable. »
« Encore un ou deux attentats et elle adviendra », avait-il déjà prévenu le 10 mai devant la commission de la Défense nationale de l’Assemblée nationale. Patrick Calvar recommande par conséquent « d’anticiper et de bloquer » toute possibilité « d’affrontements intercommunautaires. »
Sur les attentats liés au terrorisme islamiste, le patron de la DGSI s’inquiète par ailleurs d’un éventuel changement de mode opératoire. Il se dit « persuadé » que Daech « passera au stade des véhicules piégés et des engins explosifs » en France, et qu’ils monteront ainsi « en puissance » en raison notamment du fait qu’ils n’iront plus à la confrontation directe « avec un assaut et la mort à la clef. »
Aujourd’hui néanmoins, « la menace la plus forte » reste celle qui émane d’individus « qui ont combattu », ou qui ont été « entraînés en Syrie et en Irak », à l’image « de ceux qui ont attaqué le Bataclan ». « Ceux-là, conclut Patrick Calvar, mèneront les actions terroristes d’ampleur (…) ls sont au nombre de 400 à 500… »
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