Un vice présidente du FN, Marie-Christine Arnautu, a été suspendue de ses fonctions pour avoir désobéi à Marine Le Pen.
Après Bruno Gollnisch, député européen poussé à la démission puis rattrapé par la manche, après Mireille d’Ornano, députée européenne débarquée de sa charge de secrétaire départementale de l’Isère, tous deux pour avoir participé au 1er mai de Jean Marie Le Pen, voici venu le tour d’être sanctionnée pour Marie-Christine Arnautu, présente ce jour-là elle aussi. Marine Le Pen avait menacé les désobéissants des foudres présidentielles, le couperet est tombé ce mardi 11 juillet.
Le 1er mai dernier, elle n’a pas lâché Jean-Marie Le Pen exclu du FN quand il a réuni ses derniers fidèles aux pieds de la statue de Jeanne d’Arc. Malgré les menaces de la la direction du FN qui promettait des sanctions aux cadres du parti qui se rendraient au rassemblement dissident. Pour répondre de ce qui est considéré par Marine Le Pen comme un acte de désobéissance, « une faute lourde » même, Marie-Christine Arnautu, vice-présidente et députée européenne, a été convoquée ce lundi 11 juillet à l’aube devant la commission de discipline. Après une heure trente de réunion présidée par Marine Le Pen, quinze minutes de délibération ont suffi pour prononcer une sanction : membre du bureau exécutif du parti, le cercle restreint aux plus hauts dirigeants du FN, Marie-Christine Arnautu est provisoirement suspendue de ses fonctions pour une durée de quinze mois. Les deux autres vice-présidents, Louis Aliot et Florian Philippot, pourtant membres de cette Commission, étaient absents.
« Une fois de plus, j’ai expliqué que ma présence aux côtés de Jean-Marie Le Pen ce jour-là était un acte de fidélité envers le fondateur du parti, rien n’y a fait, commente-t-elle avec lassitude. En rien un acte de déloyauté. Marine vient de créer le délit d’amitié. Je m’attendais à être virée du bureau exécutif ce matin. Ils me suspendent dans l’attente du prochain congrès. D’ici là, les élections seront passées. En tout cas, me voilà écartée de la campagne présidentielle. »
Ainsi s’achève une séquence entamée en mai 2015. Elle a commencé par la suspension de Jean-Marie Le Pen de son statut d’adhérent à la suite d’une interview donnée à l’hebdomadaire Rivarol où il confirmait considérer la Shoah comme « un détail de l’Histoire ». Un nouveau dérapage malvenu. A la fin août, il était exclu. A chaque étape, Marie-Christine Arnautu a refusé de s’associer aux sanctions, votant contre l’exclusion. « Tout a commencé là, explique-t-elle. Marine et surtout Florian Philippot ne me pardonnent pas de ne pas avoir voté l’exclusion et d’avoir fait connaître ma position à quelques journalistes. Comme s’il ne pouvait pas exister de point de vue différent de celui de la présidente ! »
En réalité, son amitié de longue date et sa proximité avec le fondateur du FN font redouter à l’actuelle direction que les débats du Comité exécutif ne soient transmis à celui qui se considère toujours comme président d’honneur. « Mais pour qui me prennent-ils, se défend-elle. Je ne l’ai même pas appelé en sortant de la réunion qui vient de me suspendre, alors que c’est une épreuve terrible pour moi ! Marine, je l’accompagne depuis toujours, j’étais à côté d’elle quand elle était adolescente, je l’ai soutenu dans son ascension politique. »
Outre la méfiance qui s’est instaurée depuis quelques mois entre elle et la direction du FN, la vice-présidente désormais suspendue estime que des divergences politiques sont apparues récemment sur les questions sociales et sociétales. Sa mise à l’écart sanctionnerait ses divergences, sans que Marine Le Pen ne le dise clairement. En cause, les positions désormais défendues par Marine Le Pen et Florian Philippot sur la retraite à 60 ans, sur les 35 heures, le soutien apporté aux derniers mouvements sociaux, la position sur le mariage pour tous et sur la participation à la « Manif pour tous », et sur la politique familiale en général. Bref, tout ce qui fait dire à Jean-Marie Le Pen que la nouvelle direction du FN penche « à gauche ».
Le débat souhaité n’a pas eu lieu. La sanction est tombée. Elle est provisoire mais sa durée et le calendriers politique laissent présager un caractère définitif, géré en douceur. Marie-Christine Arnautu se donne quelques semaines de réflexion en mettant les vacances estivales à profit avant de faire connaître les suites qu’elle donnera à l’affaire. Pour l’heure, son téléphone portable déborde de message de soutien de militants et de cadres du parti.
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